La Commission européenne a donné son feu vert à l’aide d’État belge visant à prolonger de dix ans l’exploitation des réacteurs nucléaires Doel 4 et Tihange 3, exploités par des filiales des groupes Engie et EDF. Cette décision, annoncée vendredi, met un terme à l’enquête ouverte l’été dernier par Bruxelles pour examiner la conformité de cette mesure avec les règles européennes de concurrence.
Un accord nécessaire face à la crise énergétique
Le gouvernement belge avait conclu en 2023 un accord avec les opérateurs des deux réacteurs, situés respectivement près d’Anvers et de Liège, afin d’assurer la continuité de la production d’électricité dans un contexte marqué par la guerre en Ukraine et la volatilité des marchés de l’énergie. L’exécutif européen avait alors exprimé des réserves sur l’impact potentiel de ce soutien sur la concurrence et avait lancé une enquête approfondie.
Pour obtenir l’aval de la Commission, la Belgique a ajusté les modalités financières de son intervention, notamment en limitant son exposition aux coûts élevés en cas de coupures imprévues d’électricité. L’analyse de la Commission a conclu que ces ajustements permettaient de garantir que le soutien public reste proportionné et que les distorsions de concurrence étaient minimisées.
Une nouvelle orientation pour la politique énergétique belge
La prolongation des deux réacteurs marque un tournant dans la politique énergétique de la Belgique. Une loi votée en 2003 prévoyait l’arrêt complet du parc nucléaire belge d’ici la fin 2025. Toutefois, la crise énergétique et la dépendance aux importations de gaz ont conduit les autorités à revoir leur stratégie.
Le ministre belge de l’Énergie, Mathieu Bihet, a salué la décision de la Commission, la qualifiant d’« étape clé pour la sécurité d’approvisionnement et la souveraineté énergétique » du pays. Par ailleurs, la nouvelle coalition dirigée par Bart De Wever, en place depuis début février, prévoit d’étendre encore la capacité nucléaire du pays en prolongeant d’autres réacteurs et en envisageant la construction de nouvelles infrastructures. Ces projets devront cependant être validés par le Parlement avant toute mise en œuvre.