Le secteur des énergies renouvelables au Brésil traverse une période de turbulences, avec des implications potentiellement graves pour les projets en cours et futurs. Les limitations, ou « curtailments », imposées par l’Operador Nacional do Sistema Elétrico (ONS) affectent directement la production d’énergie éolienne et solaire. Ces restrictions, motivées par des contraintes de sécurité du réseau, réduisent la capacité des producteurs à injecter l’intégralité de leur production dans le système électrique, ce qui a un impact significatif sur leurs revenus.
Ces curtailments se concentrent principalement dans le nord-est du Brésil, une région stratégique pour le développement des énergies vertes. En raison d’infrastructures de transmission insuffisantes, l’énergie produite ne peut être efficacement distribuée vers les centres de consommation du sud-est, où la demande est la plus forte. Cela crée une situation de goulot d’étranglement qui menace la viabilité des projets actuels et futurs.
Pertes importantes dans le secteur des énergies renouvelables au Brésil
Le secteur éolien, représenté par l’Associação Brasileira de Energia Eólica (ABEEólica), estime avoir subi des pertes de l’ordre de 700 millions de reais au cours des douze derniers mois. De son côté, l’Associação Brasileira de Energia Solar Fotovoltaica (Absolar) indique que les producteurs solaires ont enregistré des pertes de 50 millions de reais sur les quatre derniers mois. Ces pertes, directement liées aux curtailments, soulignent la fragilité de la situation actuelle. Parmi les entreprises les plus touchées, Engie Brasil Energia et Equatorial Energia ont vu leurs opérations significativement réduites. Par exemple, le complexe Serra do Mel II B, situé à Rio Grande do Norte, a subi un rejet de 58 % de sa production depuis le début de l’année 2024. Cette situation accroît les risques pour les investisseurs, qui pourraient hésiter à engager de nouveaux capitaux dans un environnement si incertain.
Recours juridiques envisagés par les entreprises affectées
En réponse à ces difficultés, certaines entreprises envisagent des actions en justice pour récupérer les pertes subies. Cependant, ces procédures pourraient être longues et coûteuses, et ne garantissent pas une résolution rapide. Pendant ce temps, les projets d’extension du réseau de transmission, bien qu’en cours, ne seront opérationnels que dans plusieurs années, laissant les producteurs dans une situation précaire.
Le défi principal pour le Brésil réside dans la modernisation de son réseau électrique, afin de mieux intégrer la production croissante des énergies renouvelables. Sans une amélioration rapide de l’infrastructure de transmission, le pays risque de voir ralentir le développement de ce secteur pourtant crucial. Les décisions prises dans les mois à venir seront déterminantes pour l’avenir des investissements dans les énergies renouvelables au Brésil.