Le groupe brésilien Eletronuclear, en charge de l’exploitation des centrales nucléaires du pays, a dévoilé une série de mesures destinées à réduire ses coûts opérationnels et à assurer la poursuite des projets stratégiques, notamment la construction d’Angra 3.
Réduction des coûts et optimisation de la gouvernance
Le plan de restructuration, approuvé par le conseil d’administration en janvier, prendra effet à partir du 1er avril. Il prévoit la suppression de plusieurs niveaux de gestion et l’élimination des fonctions en doublon. Le nombre de postes de direction sera ainsi réduit de 116 à 73, générant des économies estimées à 3 millions de réais brésiliens (BRL) par an.
Eletronuclear vise également une rationalisation des dépenses liées aux matériaux et aux services externes en réévaluant ses contrats et en optimisant ses processus. Cette stratégie vise à renforcer la viabilité économique de l’entreprise et à garantir la poursuite des projets de développement du parc nucléaire brésilien.
Un projet nucléaire retardé et des coûts en question
Le projet Angra 3, conçu autour d’un réacteur à eau pressurisée de 1 405 MW fourni par Siemens/KWU, a connu plusieurs interruptions depuis son lancement initial en 1984. Après un premier arrêt en 1986, la construction avait repris en 2010 avant d’être suspendue en 2015, dans un contexte de scandales de corruption.
La reprise des travaux en novembre 2022 devait permettre une mise en service en 2026. Cependant, un nouveau différend entre Eletronuclear et la municipalité d’Angra dos Reis a conduit à un nouvel arrêt en avril 2023. Ce litige portait notamment sur les compensations environnementales et des ajustements administratifs liés aux autorisations de construction.
Un choix économique stratégique
Selon une étude de la Banque nationale de développement économique et social du Brésil (BNDES), l’abandon d’Angra 3 coûterait environ 21 milliards BRL (3,7 milliards USD), soit une somme équivalente à celle nécessaire pour mener le projet à son terme.
Eletronuclear met également en avant les retombées économiques et industrielles du projet. Angra 3 devrait permettre d’alimenter 4,5 millions de personnes et créer jusqu’à 7 000 emplois directs au plus fort de sa construction, sans compter les emplois indirects générés dans le secteur. Par ailleurs, des équipements initialement prévus pour Angra 3, d’une valeur estimée entre 500 et 800 millions BRL, ont déjà été intégrés à Angra 2, optimisant ainsi les ressources engagées.
Nouvelle feuille de route pour 2031
Face aux retards accumulés, Eletronuclear a ajusté son calendrier et prévoit désormais une mise en service d’Angra 3 en 2031. Cette nouvelle planification s’accompagne d’un redéploiement des ressources humaines. Certains employés affectés à la future centrale seront temporairement réaffectés aux réacteurs en activité, Angra 1 et Angra 2, afin d’assurer la continuité des opérations.
Raul Lycurgo, président d’Eletronuclear, a déclaré : « Cette réforme organisationnelle permet un modèle plus efficace et rationalisé, en phase avec les standards du secteur, tout en garantissant la sécurité et la qualité des services. »