Le groupe pétrolier BP traverse une période de turbulences marquée par une chute de 97% de son bénéfice net en 2024, atteignant seulement 381 millions de dollars. En réaction, son directeur général, Murray Auchincloss, a déclaré que BP s’apprêtait à « repenser fondamentalement » sa stratégie, avec des précisions attendues lors de la journée des investisseurs du 26 février.
Pression des investisseurs et réorganisation
La situation financière de BP a déclenché une série de pressions exercées par les investisseurs activistes. Le fonds Bluebell, qui critique depuis plus d’un an les ambitions de l’entreprise sur les énergies propres, réclame des ajustements stratégiques plus en phase avec les attentes des actionnaires. De plus, l’annonce récente d’une prise de participation significative par Elliott Management, connu pour ses interventions dans la gouvernance des entreprises, alimente les spéculations sur un possible changement de direction, une relocalisation de la cotation aux États-Unis, voire une scission du groupe.
Changement de cap sur les investissements
BP avait déjà annoncé en décembre 2024 une réduction marquée de ses investissements dans les énergies renouvelables, poursuivant un recentrage amorcé depuis plusieurs mois. Cette inflexion stratégique intervient après un ralentissement de ses objectifs climatiques et des suppressions de postes annoncées en janvier. Des sources du marché indiquent que BP pourrait renoncer à son engagement de réduire la production de pétrole de 25% d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2019, un signal qui confirme la volonté de privilégier la rentabilité.
Un repositionnement en réponse aux tendances du secteur
BP n’est pas seul dans cette dynamique. D’autres majors européennes comme Shell et TotalEnergies ajustent également leurs ambitions climatiques face aux exigences des marchés financiers. Toutefois, BP demeure le plus impacté financièrement, avec une performance en net recul par rapport aux autres grandes compagnies pétrolières. ExxonMobil et Chevron, par exemple, ont maintenu des profits solides, contribuant à des bénéfices cumulés de plus de 80 milliards de dollars pour les cinq majors en 2024.
Des perspectives incertaines malgré des mesures financières
BP a annoncé un programme de cessions d’actifs non essentiels d’une valeur de 3 milliards de dollars en 2025, ainsi qu’une augmentation de 10% de son dividende et un rachat d’actions de 7 milliards de dollars en 2024. Un rachat supplémentaire de 1,75 milliard de dollars est prévu avant la publication des résultats du premier trimestre. Néanmoins, une baisse anticipée de la production en 2025 pourrait peser sur les perspectives du groupe, maintenant les investisseurs dans l’attente des annonces stratégiques prévues en février.