Le géant britannique du pétrole et gaz BP a enregistré un bénéfice net part du groupe de plus de 8 milliards de dollars au premier trimestre contre une perte historique un an plus tôt due à la décision de mettre fin à ses opérations en Russie. La perte était alors ressortie à 20,4 milliards de dollars.
Hors éléments exceptionnels, le bénéfice ajusté, mesure de référence pour l’entreprise comme les analystes, dépasse les attentes du marché à 5,0 milliards de dollars au premier trimestre contre 6,2 milliards un an plus tôt, à cause du repli des cours des hydrocarbures, qui avaient flambé après l’invasion de l’Ukraine par Moscou. Le chiffre d’affaires est ressorti en hausse de 11% à près de 57 milliards de dollars.
Le directeur général Bernard Looney s’est félicité d’un trimestre de « performance solide » dans un communiqué mardi. La sortie de Rosneft s’était soldée par une charge avant impôt de 25,5 milliards de dollars qui reflète la valeur de la participation dans le groupe russe mais aussi la perte de revenus en Russie. BP avait annoncé quelques jours après le début de l’invasion russe en Ukraine qu’il allait sortir de Rosneft, dont il détenait 19,75%.
La semaine dernière, BP a remporté la majorité des votes lors de son assemblée générale, malgré une part notable d’actionnaires remontés contre sa décision de ralentir sa transition énergétique, ou son plan de rémunérations. BP avait annoncé en février, en marge de résultats record, qu’il comptait doper ses bénéfices d’ici 2030 en investissant davantage à la fois dans les énergies renouvelables mais aussi dans les hydrocarbures, ralentissant le rythme de sa transition énergétique. BP « célèbre une fois de plus des bénéfices massifs tandis que des millions de personnes en Grande-Bretagne se débattent avec des factures d’énergie astronomiques », a déploré l’ONG Greenpeace.
« Il est temps que le gouvernement intervienne et force BP et le reste de l’industrie pétrolière à commencer à payer pour les dégâts qu’ils causent au climat et utilisent l’argent pour faire face à l’impact climatique dévastateur déjà ressenti à travers le monde ».
Production attendue en baisse
Au deuxième trimestre, BP « s’attend à des prix pétroliers demeurant élevés en réaction à la récente décision de l’Opep+ de restreindre sa production, combiné à une demande en Chine qui se renforce, ce qui tend l’offre comparé à la demande », explique le communiqué.
De même, le géant de l’énergie s’attend à ce que les prix du GNL européen et asiatique restent forts grâce à la demande chinoise, le remplissage des stocks européens et la transition du charbon vers le gaz ».
En revanche le groupe table sur des marges de raffinage plus faibles qu’au premier trimestre. BP s’attend par ailleurs à enregistrer une production de pétrole et gaz inférieure au deuxième trimestre à celle du premier. L’action baissait de 5% à 507 pence à la Bourse de Londres vers 09H00 GMT. « Les derniers résultats de BP ne vont rien faire pour apaiser les appels à ce que les majors pétrolières paient plus d’impôts exceptionnels sur leurs résultats », relève Russ Mould, analyste d’AJ Bell, d’autant que le groupe « génère assez de liquidités pour lancer un rachat d’actions supplémentaires » de 1,75 milliard de dollars – pour un total de 4,0 milliards de dollars sur l’année.
Derren Nathan, analyste de Hargreaves Lansdown, note pour sa part que « le marché a mal pris la chute des bénéfices (ajustés, ndlr) et le reste de l’année pourrait présenter des difficultés ». « BP continue à investir à la fois dans les carburants fossiles et au-delà. Reste à voir si les activités vertes pourront générer le même niveau de rendements », ajoute-t-il.