BP a annoncé le redémarrage partiel de son réseau Olympic Pipeline après une interruption causée par une fuite détectée au nord de Seattle. Seule la conduite de 16 pouces a été relancée, représentant environ 40 % de la capacité de transport totale du système. La ligne de 20 pouces, qui assure l’essentiel des livraisons vers l’Oregon et le carburant aviation de Seattle-Tacoma (SEA), reste fermée dans l’attente d’une réparation validée par les régulateurs.
Forte dépendance logistique de la région
Olympic Pipeline est une infrastructure clé pour la distribution de carburants raffinés dans le Nord-Ouest des États-Unis. D’une longueur de 400 miles, il relie les raffineries de l’État de Washington aux principaux terminaux régionaux. Plus de 90 % du carburant de l’Oregon transite par ce système. La fermeture de la ligne de 20 pouces oblige les distributeurs à recourir à des solutions alternatives comme le camionnage et le transport maritime, augmentant les coûts logistiques et la pression sur les prix locaux.
Les autorités de Washington et de l’Oregon ont activé des mesures d’urgence, dont des dérogations aux règles de temps de conduite pour les transporteurs. À SEA, les compagnies aériennes ont adopté une stratégie de remplissage en amont (« tankering ») afin de limiter la demande locale.
Pressions réglementaires et risques pour BP
La fuite survenue le 11 novembre intervient dans un contexte de surveillance réglementaire renforcée. En décembre 2023, un précédent déversement avait entraîné une amende de $3,8mn. Olympic Pipeline, détenu par BP et Enbridge, figure parmi les réseaux les plus surveillés par la Pipeline and Hazardous Materials Safety Administration (PHMSA) et les agences environnementales locales.
BP, opérateur principal, pourrait être contraint de financer des inspections supplémentaires, des remplacements de tronçons et une limitation de débit imposée par les régulateurs. Le coût total des réparations et de la dépollution n’a pas été communiqué, mais les pertes de revenus cumulées s’élèvent déjà à plusieurs millions de dollars.
Effets sur le marché régional des carburants
La réduction de capacité affecte directement les prix rack en Oregon et à Seattle. Les écarts avec les indices de référence comme NYMEX ou USGC se sont élargis, pénalisant les distributeurs non intégrés. Les États concernés ont autorisé temporairement des solutions alternatives, mais ces mesures n’éliminent pas les tensions sur les stocks disponibles.
Pour le kérosène, l’aéroport SEA demeure exposé. Le recours massif au transport routier et au remplissage d’avions en amont augmente les coûts opérationnels des compagnies aériennes, sans possibilité immédiate de substitution à grande échelle.
Scénarios possibles et perspectives de résilience
Trois scénarios se dessinent pour les mois à venir : une réparation rapide avec retour à la normale, une campagne de remplacement étendue si des défauts supplémentaires sont détectés, ou une révision stratégique des politiques de sécurité d’approvisionnement dans la région.
La dépendance structurelle de l’Oregon à une seule artère pour ses carburants alimente un débat politique sur la diversification des infrastructures. La création de capacités de stockage supplémentaires et l’étude de nouveaux corridors logistiques sont désormais envisagées.