L’état-major du groupe parapétrolier français Bourbon s’est défendu d’avoir corrompu des agents du fisc nigérian pour réduire un redressement fiscal. Huit dirigeants et anciens dirigeants du groupe comparaissent devant le tribunal correctionnel de Marseille pour des faits de corruption au Nigeria, en Guinée Équatoriale et au Cameroun. Selon l’accusation, 2,7 millions de dollars auraient été versés en 2012 à des contrôleurs fiscaux nigérians pour réduire un redressement fiscal de 227 millions de dollars à 4,1 millions de dollars.
Responsabilité renvoyée à Intels
Bourbon affirme que les négociations avec le fisc nigérian avaient été déléguées à leur partenaire local, Intels, une filiale du groupe Orleaninvest. Intels avait créé en joint-venture avec Bourbon deux sociétés : Bourbon Interoil Nigeria Limited (BINL) et Bourbon Offshore Interoil Nigeria Service Limited (BOINSL). Lors du procès, Gaël Bodénès, alors directeur général adjoint opérationnel et actuel numéro 1 de Bourbon, a exprimé son regret que « [s]es instructions n’aient pas été suivies ». Il a déclaré qu’il n’avait donné aucune consigne pour approuver les paiements de pots-de-vin.
Réactions des dirigeants
Christian Lefèvre, ancien directeur général de Bourbon, a assuré qu’il s’était opposé à toute forme de corruption. Il a affirmé que sa première réaction avait été « pas question que Bourbon participe à ce genre de demandes ». Cependant, aucun dirigeant n’a mentionné avoir donné des instructions explicites pour empêcher les paiements suspects. Laurent Renard, ancien directeur général délégué aux finances, a également nié toute implication, soulignant qu’il n’avait aucun pouvoir sur Intels.
Échanges de mails compromettants
Des échanges de mails entre Marc Cherqui, directeur fiscal de Bourbon à Lagos, et d’autres cadres de la société, ont été présentés comme preuve. Ces mails suggèrent une corruption en cours. Lors de son témoignage, Rodolphe Bouchet, directeur de Bourbon Marine et Logistics, a évoqué des mails traitant d’un bakchich de deux millions d’euros. Gaël Bodénès a justifié son manque de réaction à ces courriels par la gestion d’une crise de kidnapping impliquant des marins de Bourbon.
La défense de Bourbon
Les dirigeants de Bourbon maintiennent que la société a payé ce qu’elle devait au fisc nigérian, sans recourir à des moyens illégaux. Ils soutiennent que si des fonds ont été versés, cela relève de la responsabilité d’Intels, un groupe très influent localement. Le tribunal va examiner les allégations de corruption au Cameroun et en Guinée Équatoriale dans les jours à venir, avec un réquisitoire attendu mardi.
Bourbon se défend vigoureusement contre les accusations de corruption, renvoyant la responsabilité sur son partenaire local, Intels. Les prochains jours du procès apporteront peut-être plus de lumière sur les pratiques de la société et de ses partenaires en Afrique.