La société publique BOTAŞ Petroleum Pipeline Corporation a finalisé l’expansion des installations de son terminal de Marmara Ereğlisi, situé sur la mer de Marmara, portant sa capacité de regazéification à 8,2 Gm³ par an. Ce projet s’inscrit dans une série de modernisations visant à accroître l’utilisation stratégique des infrastructures turques dans les flux gaziers régionaux. Le terminal, en service depuis 1994, est désormais l’un des cinq points d’entrée GNL opérationnels en Türkiye.
Un projet technique au service des ambitions régionales
L’extension a porté notamment sur l’ajout de nouveaux vaporisateurs, de réservoirs de stockage et d’une infrastructure de quai renforcée pour l’accostage simultané de méthaniers de grande capacité. Le site peut désormais traiter un volume quotidien supérieur à 22 millions de mètres cubes, selon les chiffres communiqués par les autorités nationales de l’énergie. BOTAŞ a indiqué que la modernisation permet également une meilleure réactivité en période de forte demande hivernale.
La rénovation de Marmara Ereğlisi intervient en parallèle d’investissements dans les terminaux flottants FSRU (Floating Storage and Regasification Unit) comme ceux de Saros et Dörtyol. L’ensemble forme un réseau qui, selon les estimations du ministère turc de l’Énergie, dépasse 58 Gm³ de capacité technique annuelle de regazéification, soit plus que la consommation nationale moyenne.
Instrument stratégique pour la diversification des flux
Le terminal de Marmara Ereğlisi a accueilli en 2024 plus de 45 cargaisons de GNL provenant de fournisseurs variés, notamment d’Algérie, du Qatar, des États-Unis et du Nigeria. Sa connectivité directe avec le réseau national de transport gazier permet une redistribution rapide vers les zones industrielles d’Istanbul et de la Thrace, tout en servant de point de transit vers la Bulgarie et la Grèce via des interconnexions régionales.
L’infrastructure rénovée participe également à la stratégie turque de réduction de la dépendance aux contrats long terme avec la Russie et l’Iran, dont plusieurs arrivent à échéance à partir de 2025. Le développement des terminaux GNL permet d’augmenter la part d’approvisionnements flexibles dans le bouquet gazier national, tout en maintenant une capacité d’exportation régionale.
Préparation à un marché régional en mutation
Sur le plan réglementaire, les ajustements introduits dans la législation turque sur le gaz naturel facilitent l’accès de tiers aux terminaux de regazéification, rendant possible la revente transfrontalière par des opérateurs privés. Le terminal de Marmara Ereğlisi est désormais compatible avec ces exigences, et plusieurs tests de rechargement ont été réalisés en vue de renforcer son rôle de hub logistique.
À moyen terme, BOTAŞ envisage d’utiliser cette infrastructure pour optimiser ses nouveaux contrats GNL, notamment ceux signés avec Eni, Mercuria et Woodside. Des cargaisons destinées initialement au marché domestique pourraient ainsi être réorientées en fonction des besoins du marché européen. La montée en puissance d’un indice de référence gazier national, le Turkey Gas Reference Index (TGREF), constitue un autre levier pour faire de ce terminal un point d’ancrage tarifaire régional.