Le président brésilien Jair Bolsonaro a limogé lundi le patron du géant pétrolier Petrobras, José Mauro Coelho, nommé il y a seulement 40 jours, a annoncé le ministère des Mines et de l’Energie. “Le gouvernement fédéral, en tant qu’actionnaire majoritaire de Petroleo Brasileiro S.A., Petrobras, notifie qu’il a décidé de promouvoir le changement de la présidence de l’entreprise”, affirme le ministère dans un communiqué.
3 présidents en un an
José Mauro Coelho était le troisième président du groupe en un peu plus d’un an. Sans préciser les raisons du limogeage, le gouvernement l’a remercié pour son travail, tout en soulignant que “le Brésil traverse actuellement un moment difficile, en raison des effets de l’extrême volatilité des hydrocarbures sur les marchés internationaux”, selon le communiqué.
Le chef d’Etat, Jair Bolsonaro, compte briguer un deuxième mandat aux élections d’octobre prochain et subit la pression de la forte inflation dans le pays sud-américain.
Le gouvernement propose comme nouveau président Caio Mario Paes de Andrade, actuel secrétaire à la Débureaucratisation au ministère de l’Economie. Il doit encore recevoir le feu vert du conseil d’administration de la compagnie avant une nomination formelle.
Caio Mario Paes de Andrade “présente toutes les qualifications pour diriger la société afin de surmonter les défis imposés par la situation actuelle, en augmentant son capital de réputation, en favorisant l’amélioration continue de la gestion et la performance croissante de la société, sans négliger les responsabilités de Petrobras en matière de gouvernance, d’environnement et, en particulier, sociale”, a assuré le ministère des Mines et de l’Energie.
Les deux prédécesseurs de M. Coelho, Roberto Castello Branco et Joaquim Silva e Luna, avaient également été évincés à la suite de critiques de Jair Bolsonaro en lien avec la hausse des prix des carburants.
M. Coelho, qui venait du ministère des Mines et de l’Energies, avait pris les rênes de Petrobras le 14 avril et assuré qu’il n’y aurait pas de changement dans sa politique de prix, qui suit le cours international du pétrole brut, lequel s’est envolé ces derniers mois en raison de la guerre entre la Russie et l’Ukraine.
Bénéfices conséquents
Le 11 mai, Jair Bolsonaro a remplacé le ministre des Mines et de l’Energie Bento Albuquerque après l’application par Petrobras d’une nouvelle augmentation du diesel (8,8%). Ce portefeuille n’a pourtant pas d’influence directe sur les décisions de l’entreprise autonome.
Quelques jours auparavant, le président s’était élevé contre la compagnie pétrolière, comme il le fait régulièrement, en déclarant que ses bénéfices représentaient “un viol”, après la publication de bénéfices trimestriels conséquents.
Sur les réseaux sociaux, M. Bolsonaro avait alors demandé au ministre de l’époque et à M. Coelho de ne pas augmenter les prix des carburants, car il considérait que les bénéfices de l’entreprise étaient “abusifs”.
Petrobras a déclaré un bénéfice net de 44,561 milliards de réais (8,605 milliards de dollars) entre janvier et mars 2022, soit environ 38 fois ce qu’elle avait enregistré sur la même période de l’année précédente.
Au regard du profil de son probable nouveau président, Caio Mario Paes de Andrade, “il ne semble pas raisonnable de supposer que la politique de prix de Petrobras va changer, bien au contraire”, a avancé l’économiste André Perfeito, du cabinet de conseil Necton.
Avec ce nouveau changement, le ministère de l’Economie aura “plus de contrôle que jamais sur la compagnie pétrolière”, a-t-il aussi estimé.
“Sous la direction du nouveau ministre des Mines et de l’Energie, Adolfo Sachsida, des études pour la privatisation de l’entreprise ont été lancées et nous devrions probablement voir le soutien du nouveau président en ce sens”, a ajouté l’analyste, qui assure que le marché approuvera le changement car “Andrade est un professionnel lié aux valeurs libérales et proche du ministre (de l’Economie) Paulo Guedes”.