Le programme gouvernemental place la sécurité d’approvisionnement en carburants et la maîtrise des prix à court terme, avec des importations sous schémas à paiement différé et un ciblage progressif des subventions. La réforme annoncée vise les usages prioritaires, notamment le transport public, tout en réduisant le coût budgétaire. La ligne affichée maintient des filets sociaux sans renoncer à la discipline fiscale. L’exécutif engage un dialogue avec les opérateurs logistiques et les détaillants pour réduire les ruptures.
Gaz naturel: fin de cycle exportateur et pivot vers le transit
La baisse structurelle de la production gazière nationale transforme le pays en corridor pour le gaz non conventionnel argentin en direction du Brésil. Des opérations commerciales interruptibles ont déjà été réalisées via le réseau bolivien, créant un précédent opérationnel. Les volumes admissibles dans les contrats récents permettent jusqu’à 2 millions de mètres cubes par jour en mode interruptible. Les autorités négocient des barèmes de capacité et des conditions d’interruptibilité pour stabiliser des recettes de type péage.
Le tarif de transit constitue un point d’équilibre régional: des signaux de marché mentionnent une fourchette de 1,40 à 1,90 dollar par million de BTU pour le passage sur le territoire bolivien autour de 1 200 kilomètres. Cette structure tarifaire est comparée à des coûts internes plus faibles côté argentin, ce qui nourrit des discussions tripartites sur la compétitivité. Le ministère de l’Hydrocarbures coordonne avec Yacimientos Petrolíferos Fiscales Bolivianos (YPFB) la gestion de capacité et l’allocation par points d’entrée et de sortie. Les opérateurs brésiliens et argentins calibrent leurs nominations sur des fenêtres saisonnières de demande.
Lithium: contrats sous gouvernance YLB et révisions attendues
Les accords signés avec le consortium CBC (Contemporary Amperex Technology Co. Limited, BRUNP, CMOC) prévoient la construction de deux unités de carbonate de lithium utilisant la « Direct Lithium Extraction » (DLE, extraction directe du lithium), avec une capacité agrégée annoncée autour de 35 000 tonnes par an et un investissement d’au moins 1 milliard de dollars. Le schéma de gouvernance maintient 51 % pour YLB, conformément au cadre souverain. Un autre contrat associe Uranium One Group (groupe Rosatom) à la réalisation d’une unité DLE d’environ 14 000 tonnes par an pour un investissement proche de 970 millions de dollars.
Des contentieux et décisions judiciaires ont temporairement suspendu l’exécution de certains accords lithium, imposant des audits et des clarifications sur les clauses financières. Le nouvel exécutif a annoncé une revue contractuelle portant sur la transparence, les obligations d’investissement et le calendrier industriel. Les avenants seront soumis aux instances législatives compétentes pour sécuriser la base légale. Les priorités annoncées incluent la publication de jalons industriels, la preuve de performance DLE et les engagements de contenu local.
Carburants et subventions: trajectoire de désubvention ciblée
La réforme des subventions carburants s’appuie sur une approche graduelle pour limiter l’impact sur les ménages et la logistique. Les instruments techniques incluent des plafonds par segment, des cartes dédiées au transport public et des contrôles renforcés contre la fraude et la contrebande. La stabilisation des stocks passe par des contrats d’importation restructurés avec clauses de financement adossées à la trésorerie douanière. Les distributeurs sont associés à un plan de reconstitution des inventaires par hubs régionaux.
Le gouvernement prévoit de synchroniser la trajectoire budgétaire avec des objectifs de réserves de change afin d’absorber la volatilité des prix internationaux. Les autorités financières évaluent des options de soutien multilatéral compatibles avec un cadre de discipline budgétaire. Le ministère de l’Économie publiera une trajectoire indiciaire pour la réduction des transferts liés aux carburants. Les opérateurs aval s’alignent sur des niveaux de stock minimum et des audits de traçabilité.
Cadre macro et financement: séquence de crédibilisation
Les investisseurs identifient l’accès conditionnel à un appui du International Monetary Fund (IMF, Fonds monétaire international) comme un facteur de crédibilisation, sans préjuger d’un programme formel. Le déficit public élevé et le niveau bas de réserves de change imposent une hiérarchisation des dépenses et des priorités de trésorerie. Des paiements de dette à court terme renforcent l’intérêt d’un ancrage de politique économique lisible. Les premières annonces visent une coordination entre politique budgétaire, gestion des subventions et politique de change.
La visibilité réglementaire sur l’énergie et les mines constitue un critère central pour l’investissement étranger direct. Les autorités communiquent un calendrier d’audits sectoriels, incluant hydrocarbures, lithium et mines polymétalliques. L’alignement des permis et des évaluations environnementales doit réduire les délais d’autorisation. Les banques locales et internationales ajustent leurs conditions de crédit aux entreprises d’infrastructure et de services pétroliers.
Gouvernance et acteurs opérationnels
Le Tribunal Supremo Electoral (TSE, Tribunal suprême électoral) a communiqué des résultats préliminaires donnant une majorité relative au président élu. L’exécutif ne dispose pas d’une majorité législative, ce qui impose des coalitions sur les textes liés aux subventions, aux contrats de transit et aux investissements miniers. YLB pilote la filière lithium avec un rôle renforcé des audits indépendants. YPFB bascule vers une logique d’opérateur d’infrastructure axée sur la capacité et la tarification.
Les compagnies impliquées dans le transit gazier incluent des marketers brésiliens et des producteurs argentins engagés sur Vaca Muerta. Des opérations récentes ont validé la faisabilité technique du corridor via le réseau bolivien. La normalisation contractuelle portera sur les niveaux de fermeté, les pénalités et les mécanismes d’interruption. Les offtakers ajustent leurs portefeuilles en fonction des différentiels saisonniers de prix et de la disponibilité régionale.