Le géant bancaire BNP Paribas, régulièrement attaqué par les ONG pour son financement de l’industrie des énergies fossiles, a mis à jour jeudi sa politique climatique, en annonçant notamment l’arrêt de « tous les financements dédiés au développement de nouveaux champs » gaziers, selon un communiqué.
Cette politique tranche avec la pratique de ces dernières années, durant lesquelles elle a régulièrement participé au financement de nouveaux projets. Elle ne s’interdit pas en revanche de financer des entreprises développant de nouveaux champs, tant que l’argent n’est pas directement affecté à ce type de projets.
Sur le pétrole, la banque annonce « l’arrêt des financements dédiés au développement de nouveaux champs pétroliers quelles que soient les modalités de financement ». Il s’agit de l’officialisation d’une pratique déjà en vigueur puisque le groupe avait affirmé en janvier ne pas avoir financé directement de nouveaux projets pétroliers depuis 2016.
Toutefois, comme pour le gaz, la banque continue de soutenir des entreprises qui peuvent développer de nouveaux champs, sans financer directement le projet. BNP Paribas prévoit également « l’arrêt programmé » des financements aux acteurs spécialisés dans l’exploration-production de pétrole et qui n’engageraient pas une transition, ainsi que « la réduction de la part des crédits généralistes attribuable à l’exploration-production pétrolière ».
Ces engagements découlent de l’objectif précédemment affiché de vouloir diviser par cinq d’ici à 2030 ses financements au secteur de l’extraction et de la production de pétrole. Ces mesures « bienvenues » restent cependant « largement insuffisantes » par rapport à ce qui est attendu du secteur bancaire pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle, a réagi dans un communiqué Lucie Pinson, directrice de l’ONG Reclaim Finance, appelant « BNP Paribas à aller jusqu’au bout de la démarche engagée en exigeant de ses clients l’arrêt du développement de projets qu’elle-même n’entend plus financer directement ».
Les ONG de défense de l’environnement Oxfam, Notre Affaire A Tous et les Amis de La Terre, qui avaient assigné début février BNP en justice pour manquement à son devoir de vigilance face au réchauffement climatique, ont aussi dénoncé dans un communiqué commun « des mesures trop faibles pour répondre à une exigence scientifique claire » et promis d’être présents à l’assemblée générale de la banque la semaine suivante.
BNP Paribas, qui a réalisé un bénéfice net record de 4,4 milliards d’euros au premier trimestre, s’est fixé des objectifs de réduction de l’intensité d’émissions de ses activités dans les secteurs de l’acier (-25% d’ici 2030), de l’aluminium (-10%) et du ciment (-24%), c’est-à-dire le volume de CO2 par tonne de matériau produit, par rapport à 2021 ou 2022. Le groupe avait par le passé défini des engagements pour les secteurs pétrole et gaz, production d’électricité et automobile.