Le vote des 27 Etats membres de l’Union européenne pour l’interdiction de la vente de voitures neuves à moteur thermique en 2035 a été reporté sine die en raison de l’abstention de l’Allemagne. Cette décision a suscité le malaise à Bruxelles, car elle prend en otage les partenaires européens pour des questions de politique intérieure. Cette technologie, encore en développement, consisterait à produire du fuel à partir de CO2 issu notamment des activités industrielles en utilisant de l’électricité bas-carbone. Défendue notamment par des constructeurs haut de gamme allemands, elle permettrait de prolonger l’utilisation de moteurs thermiques.
Une position incompréhensible
L’eurodéputé Pascal Canfin dénonce un « chantage » qui, s’il est imité par d’autres États, menacera tous les autres textes du « Pacte vert ». Trois autres pays – Bulgarie, Italie et Pologne – n’étaient pas favorables à ce texte emblématique, mais ils avaient, eux, exprimé leur opposition dès le départ. Le blocage de Berlin est une initiative des libéraux du FDP. Ce petit parti, crédité d’environ 5% des intentions de vote dans les sondages nationaux, espère s’affirmer face aux écologistes en se posant en défenseur de l’automobile, pariant sur l’hostilité d’une grande partie de la population à l’interdiction des moteurs thermiques. Les carburants de synthèse sont contestés par des ONG environnementales qui les jugent coûteux, fortement consommateurs en électricité pour leur production, et polluants, car ils ne suppriment pas les émissions d’oxydes d’azote (NOx).
Le malaise à Bruxelles
Le blocage allemand est une remise en cause des processus décisionnels de l’UE. Cette position est incompréhensible, selon Eric Maurice, de la Fondation Robert Schuman, un centre de réflexion européen. Il regrette le « nombrilisme » du gouvernement allemand, dont les dysfonctionnements entre sociaux-démocrates, Verts et libéraux, s’étalent à Bruxelles « au détriment des autres pays et du bon fonctionnement de l’UE ». La Commission européenne a annoncé « travailler de façon constructive » avec Berlin pour faire adopter le texte « rapidement », mais n’a pas précisé quel type d’engagement elle pourrait donner alors que ce texte, qui promeut la « neutralité technologique », prévoit déjà un possible feu vert accordé à l’avenir aux carburants de synthèse s’ils permettent d’atteindre l’objectif de « zéro émission » de CO2.