Un groupe d’investisseurs mené par la division Global Infrastructure Partners de BlackRock est en pourparlers avancés avec plusieurs banques afin de mobiliser jusqu’à $10,3 milliards pour financer une opération majeure autour des infrastructures gazières d’Aramco. Selon des sources proches du dossier, cette initiative vise à générer des liquidités immédiates pour la compagnie pétrolière saoudienne en contrepartie de paiements étalés sur deux décennies.
Montage structuré en deux tranches de dette
La structure de financement envisagée comprend deux prêts distincts : l’un à court terme et l’autre à long terme. Environ 75 % de la dette devrait être constituée d’un crédit d’une durée de sept ans, potentiellement refinançable par émission obligataire, tandis que le solde serait remboursé sur une période de 19 ans. Plusieurs banques internationales, dont JPMorgan Chase, Sumitomo Mitsui Banking Corporation, Goldman Sachs, Citi, Mizuho et MUFG, ont été sollicitées pour participer à l’opération.
Des banques chinoises ont également manifesté un intérêt pour financer la portion courte du prêt. La participation des institutions asiatiques pourrait renforcer la diversification du pool de créanciers et optimiser les conditions de financement pour le consortium.
Création de Jafurah Midstream Gas Company
Dans le cadre de cet accord, une entité nommée Jafurah Midstream Gas Company (JMGC) a été constituée pour détenir les droits de développement et d’exploitation d’installations de traitement de gaz autour du champ de Jafurah. Aramco conservera 51 % du capital de JMGC, tandis que les 49 % restants seront détenus par les investisseurs du consortium. Le groupe mené par BlackRock devrait injecter environ $1,8 milliard en fonds propres dans l’opération.
Le champ gazier de Jafurah, qui contiendrait près de 229 trillions de pieds cubes standards de gaz brut, constitue le plus vaste projet gazier non associé en Arabie saoudite. L’infrastructure prévue permettra la construction de plus de 1 500 km de pipelines et d’unités de traitement, soutenant l’ambition d’Aramco d’augmenter sa production de gaz de 60 % d’ici à 2030, par rapport aux niveaux de 2021.
Complément par financement obligataire islamique
En parallèle du crédit bancaire, Aramco envisage également de lever entre $3 milliards et $4 milliards par l’émission de sukuk, des obligations conformes à la finance islamique. Un précédent placement obligataire de $5 milliards effectué en mai a suscité plus de $16,5 milliards de demandes. Les nouvelles obligations devraient être tarifées prochainement selon les sources.
L’architecture de cette transaction reprend les modèles de cession-bail déjà utilisés par Aramco lors des accords de 2021 et 2022 sur ses réseaux de pipelines. Le mécanisme permet à l’entreprise de dégager des fonds tout en conservant l’exploitation de ses infrastructures stratégiques, dans un contexte de diversification économique.