Suite au Blackout au Texas, la crise énergétique dans l’État américain a eu des conséquences dramatiques sur le plan humain et économique. La crise a ainsi provoqué la faillite de nombreux fournisseurs d’électricité de l’Etat et a fait grimper la facture énergétique. À cela s’ajoutent les conséquences encore visibles aujourd’hui de l’arrêt de la production pétro-gazière sur les activités pétrochimiques aux États-Unis. Avant toute chose cependant, la crise a eu un impact humanitaire considérable entraînant la mort d’au moins 57 personnes.
Après le Blackout au Texas, les factures d’électricité atteignent les 9.000 dollars
L’échec patent de la dérégulation du marché de l’électricité
Le Texas se caractérise par son réseau électrique totalement indépendant et par le caractère dérégulé du marché de l’électricité. Contrairement au reste des États-Unis, l’État se targue ainsi d’avoir entièrement libéralisé ce marché faisant plonger les prix de l’électricité. Selon ses défenseurs, ce système permet d’équilibrer en permanence l’offre et la demande. Un prix trop élevé favorise ainsi l’arrivée de nouveaux acteurs entraînant en retour une baisse des prix.
Malheureusement, la crise énergétique suite au Blackout au Texas a montré toutes les limites de ce système. Faisant face à un effondrement soudain de l’offre disponible, le marché a vu ses prix grimper en flèche. En conséquence, de nombreux distributeurs ont été incapables d’acheter de l’électricité sur le marché les contraignant à la faillite. Pour les ménages, l’addition est également très salée avec des factures d’électricité atteignant parfois les 9.000 dollars.
La crise du marché de l’électricité au Texas
Dans ces conditions, on aurait pu s’attendre à une évolution des conditions du marché électrique texan. Il n’en a rien été. Au contraire, les autorités politiques ont loué la libéralisation du marché tout en ciblant avant tout ERCOT, l’opérateur du réseau. Sept membres du directoire d’ERCOT ont ainsi été poussés à la démission à la suite des coupures d’électricité.
Cette focalisation sur l’opérateur est surprenante tant celui-ci ne possède qu’un pouvoir très limité sur la génération d’électricité. Ainsi, l’essentiel des opérations de protection des équipements pendant l’hiver ne font pas partie de ses compétences. Surtout, en décimant la direction d’ERCOT, l’État prend le risque d’aggraver encore davantage la crise du marché électrique. Rappelons que le Texas a besoin d’investir rapidement des centaines de milliards de dollars afin de renforcer son réseau.
L’impact mondialisé de la crise sur l’industrie pétro-gazière
Le poids du Texas dans l’industrie pétro-gazière au niveau mondial
En plus des effets purement locaux, la crise énergétique au Texas a eu des effets importants sur l’économie mondiale. L’État représente en effet un poids lourd de la production de pétrole et de gaz dans le monde. Au niveau pétrolier, le Texas produit ainsi plus de 5 millions de barils par jour soit davantage que l’Irak. Pour le gaz, l’État se classe au troisième rang mondial devant le Qatar, l’Australie ou encore le Canada.
En gelant les équipements et les têtes de puits, la tempête arctique a provoqué un effondrement de la production pétro-gazière. 4 millions de barils texans, soit 40% de la production américaine, furent notamment sortis du marché. De même la tempête a entraîné une baisse de 27% de la production américaine de gaz. En conséquence, la crise texane a joué un rôle important dans l’augmentation récente des prix du pétrole et du gaz.
Des conséquences durables sur le secteur pétrochimique
Confrontées à la tempête arctique et au manque d’électricité, les raffineries texanes ont également été contraintes de restreindre leurs opérations. Cela a des conséquences encore visibles aujourd’hui sur les chaînes d’approvisionnement dans le secteur de la pétrochimie. Dans ce secteur, le redémarrage est en effet beaucoup plus lent dû à des contraintes de sécurité.
Ainsi, la production américaine d’alcènes et de polymères a chuté de près de 80% au moment de la crise. Aujourd’hui, seules 60% des capacités se situent à leur niveau normal de production entraînant une forte hausse des prix. L’impact se fait notamment ressentir sur les marchés des matières plastiques ou de l’automobile très dépendants de ces produits raffinés.
L’aspect humanitaire de la crise énergétique au Texas
Un lourd bilan humain
Si la crise énergétique au Texas a eu des effets économiques importants, elle constitue avant tout un véritable désastre humanitaire. 57 personnes sont en effet décédées des suites des coupures d’électricité principalement par empoisonnement au monoxyde de carbone. Privées d’électricité, de nombreuses personnes ont en effet brûlé des biens matériels à l’intérieur de leur maison pour se chauffer.
S’ajoutent également les morts liés au manque d’électricité dans les hôpitaux ou ceux qui n’ont pas pu résister au froid. La situation était d’autant plus difficile que les bâtiments sont mal isolés au Texas en raison du climat habituellement chaud. C’est pourquoi de nombreux texans ont choisi de se précipiter dans les supermarchés afin d’acheter du propane.
Un manque d’accès à l’eau
Le manque d’accès à l’eau a constitué un autre aspect frappant de la crise humanitaire au Texas. Le gèle des conduits en eau a notamment entraîné l’arrêt presque total de l’approvisionnement en eau potable. De plus, l’absence d’électricité a mis à l’arrêt les centres de traitement de l’eau. Cet arrêt a poussé les texans à faire bouillir l’eau afin de la rendre consommable.
C’est dans ce contexte que le président Biden a déclaré la catastrophe naturelle ouvrant la voie à une aide fédérale. Des centres d’hébergement ont ainsi été réquisitionnés ainsi que des hôtels pour permettre d’accueillir les personnes en difficulté. Enfin, l’État fédéral a promis de verser des aides d’urgence pour la réparation des infrastructures touchées par la crise.
La crise énergétique au Texas ne doit donc pas être vue simplement comme une crise du marché électrique. Au contraire, les pénuries d’électricité ont eu des effets économiques majeurs sur les marchés pétro-gaziers, principalement dans la pétrochimie. Surtout, la crise énergétique a provoqué une catastrophe humanitaire sans précédent pour un État aussi riche que le Texas. Cette crise nous rappelle ainsi l’importance de l’électricité aujourd’hui dans la satisfaction des besoins essentiels tels que l’accès à l’eau.
Mais alors, quelles leçons après la catastrophe ?