Le Venezuela rétablit progressivement l’électricité après une coupure généralisée de plus de 12 heures, survenue le 30 août 2024. La panne touche l’ensemble du pays, plongeant des millions de Vénézuéliens dans le noir, après une défaillance à la centrale hydroélectrique Simón Bolívar. Nicolas Maduro et son administration affirment que cette interruption est le résultat d’un « sabotage » de l’opposition politique, soutenue par des « courants fascistes » et organisée depuis les États-Unis. Cet événement survient dans un climat tendu, alors que l’opposition continue de contester la légitimité de la réélection de Maduro le 28 juillet dernier.
Dans une déclaration télévisée, Maduro décrit cet acte comme une attaque « pleine de vengeance et de haine ». Son ministre de la Communication, Freddy Nanez, renforce ce discours en évoquant le coût de la récupération du réseau électrique en 2019, année marquée par un black-out de cinq jours. Cependant, ces accusations de sabotage ne sont pas accompagnées de preuves concrètes et ne fournissent pas de détails sur l’ampleur exacte des dégâts ni sur les zones touchées. Les déclarations officielles laissent place à des analyses plus techniques de la situation.
Défaillance à la Centrale Simón Bolívar et Conséquences Régionales
La panne débute à la centrale hydroélectrique Simón Bolívar, située dans l’État de Bolívar, la plus grande du pays et source principale de production d’électricité. L’incident entraîne un arrêt immédiat du réseau électrique, affectant à la fois les grandes villes comme Caracas et des régions plus isolées. Alors que l’électricité revient progressivement dans la capitale et d’autres zones dès vendredi soir, des États comme Mérida, Táchira, Zulia et Lara continuent de souffrir d’une alimentation instable et intermittente. Dans des villes comme Michelena, dans l’État de Táchira, des résidents signalent que le courant est revenu temporairement avant de repartir à nouveau, illustrant la précarité du rétablissement.
La connectivité internet, mesurée par l’ONG VE Sin Filtro, atteint seulement 92,7 % samedi matin, soulignant que le retour à la normale n’est pas encore complet. Pendant ce temps, le service de métro de Caracas est rétabli, mais des perturbations persistent dans d’autres infrastructures publiques et commerciales, affectant la vie quotidienne et l’activité économique dans le pays. Les entreprises et les petites exploitations dépendent de générateurs de secours, dont l’installation et la maintenance représentent des coûts supplémentaires dans un contexte économique déjà tendu.
Experts en Énergie : Entre Défaillances Techniques et Sous-Investissement
Des spécialistes du secteur énergétique offrent une perspective différente de celle du gouvernement sur les causes du black-out. Jose Aguilar, expert en réseaux électriques, affirme que cette panne est probablement due à une « défaillance » technique qui n’aurait pas eu un impact aussi étendu dans un système plus robuste et bien entretenu. Il souligne que la « précarité du système électrique vénézuélien est telle qu’une chose en entraîne une autre », suggérant un effet domino provoqué par l’absence de mesures préventives et de maintenance.
Victor Poleo, ancien vice-ministre de l’Énergie électrique, avance que l’incident pourrait être lié à une « décharge atmosphérique », aggravée par des systèmes de protection inadéquats et obsolètes. Il critique le manque d’entretien et le retard dans le remplacement des équipements critiques, pointant des années de mauvaise gestion et de sous-financement du secteur énergétique. Cette analyse met en lumière les défis structurels auxquels le Venezuela fait face pour moderniser et stabiliser son réseau électrique.
Les Répercussions Économiques et Politiques du Black-Out
L’impact de cette panne s’étend bien au-delà des seuls aspects techniques, affectant le paysage économique et politique du pays. Dans les régions les plus touchées comme Mérida et Zulia, où les températures atteignent fréquemment 40 degrés Celsius, les coupures prolongées entraînent des défis supplémentaires, tels que l’accès limité à l’eau potable et la nécessité de recourir à des moyens de refroidissement improvisés. Des témoignages locaux, comme celui de Nairelis Ramirez à Los Puertos de Altagracia, soulignent l’incertitude et la frustration croissantes des citoyens face à ces pannes répétées.
La situation intervient dans un contexte de crise post-électorale, avec une opposition qui revendique toujours la victoire aux élections présidentielles de juillet. L’utilisation répétée par le gouvernement de la rhétorique du sabotage et de l’intervention étrangère sert à mobiliser sa base politique, mais elle masque aussi des problèmes systémiques de gestion et d’infrastructure énergétique. Ces narratifs de sabotage, bien que fréquents, ne répondent pas aux préoccupations plus profondes des acteurs économiques et industriels sur la nécessité d’une réforme complète du secteur énergétique.
Besoin Urgent de Réformes et d’Investissements Stratégiques
La vulnérabilité de l’infrastructure électrique vénézuélienne appelle à une réévaluation des priorités en matière de politiques énergétiques. Pour les professionnels du secteur, il est essentiel d’investir dans la modernisation du réseau, d’améliorer la gestion des risques et de renforcer la résilience contre les défaillances potentielles. Toutefois, les sanctions internationales, combinées à la situation économique interne difficile, posent des obstacles significatifs à la mise en œuvre de telles initiatives.
La nécessité d’une approche plus rigoureuse et structurée pour la gestion du réseau électrique se fait de plus en plus sentir. La confiance des investisseurs et des partenaires commerciaux dans la stabilité énergétique du Venezuela dépend de ces changements. Le pays se trouve à une croisée des chemins où les décisions prises aujourd’hui auront un impact durable sur son avenir économique et énergétique.