Le biofuels produit en Asie et en Amérique latine pour l’Union Européenne serait responsable d’une déforestation de la taille des Pays-Bas. C’est ce que constate le rapport de la Fédération européenne pour le transport et l’environnement.
Biofuels et déforestation : nouveau rapport
La Fédération européenne pour le transport et l’environnement, ou Transport & Environment (T&E), rapporte un constat décourageant pour les biocarburants. L’Union européenne (UE), objective de remplacer les carburants polluants par des biofuels, une politique qui mène à la déforestation. Il s’agit d’une large zone, de 4 millions d’hectares, située en Asie du Sud-Est et en Amérique latine.
Ce défrichage serait aussi responsable de la destruction d’environ 10% de l’habitat restant de l’orang-outan. Ce, pour créer de l’huile de palme, de soja et d’autres oléagineux, utilisée dans les biocarburants. Le comble, pour créer une énergie supposée plus propre.
25% de carburant issu du renouvelable d’ici à 2030
En outre, d’ici à 2030, l’UE souhaite obtenir 25% de ses besoins en carburant de transport à partir de souches renouvelables. Celles-ci comprennent les carburants électroniques, l’hydrogène et les biocarburants avancés, à base de déchets et résidus. Par ailleurs, les biofuels agricoles devraient représenter 5,1% de ce chiffre.
Ainsi, les directives fixées par l’UE concernant les plafonds d’émissions sur la totalité du cycle de vie du biocarburant ne seront par réalisables. Si aucun porte-parole de l’UE ne s’est prononcé sur le sujet, il sera certainement discuté le 14 juillet 2021.
Trop forte demande en huile de palme et de soja
La demande de biocarburant de l’UE nécessite la culture de 1,1 million d’hectares de palmiers en Asie du Sud-Est. Mais aussi de 2,9 millions d’hectares de soja en Amérique du Sud.
Le rapport s’appuie sur les données de production et de consommation de biodiesel d’Oil World, Stratas Advisors et Eurostats. Il estime que l’utilisation de l’huile de soja pour biocarburant a bondi de 17% en 2020. De plus, depuis 2018, la consommation d’huile de soja pour les systèmes énergétique européens a augmenté de 34 à 44%.
L’huile de palme déjà épinglée en 2018
En 2018, la déforestation asiatique est notamment liée à l’utilisation d’huile de palme pour biocarburants. À l’époque, les critiques pleuvent et l’UE décide d’éliminer cette source des carburants de transport d’ici à 2030. Il est vrai qu’en 2020, les volumes d’huile de palme n’augmentent que de 4,4%.
Mais un autre problème se pose. Désormais, la culture de soja inquiète, des chercheurs s’alarmant sur le déplacement de la déforestation de l’Asie Pacifique à l’Amérique latine.
L’huile de soja 2 fois plus émissives de carbone que le diesel ?
De la production à l’utilisation en tant que biocarburant, l’huile de soja est moins polluante que l’huile de palme. En revanche, elle émet deux fois plus d’émissions que le diesel, compte tenu de son impact sur les forêts. Un danger pour la forêt amazonienne, dont la déforestation est majoritairement causée par la culture de soja.
Pour rappel, la présence des arbres et vitale à la survie humaine, puisqu’ils permettent d’absorber le carbone. L’un des « poumons verts » de la planète est menacé par « une politique qui était censé sauver la planète ». Déplore Laura Buffet, directrice de l’énergie de T&E.
Les transports, secteur difficile à dépolluer
Alors que le secteur des transports et l’un des plus polluants du monde, les solutions se réduisent. Après le problème posé par les batteries des voitures électriques, c’est le biocarburant qui ne serait pas une solution si verte.
En effet, le rapport estime que l’UE émettra 173 millions de tonnes de dioxyde de carbone supplémentaires d’ici à 2030. Uniquement liées aux cultures de palmier et de soja.
En 2020, la consommation de diesel et d’essence a chuté de 8,3% et 11,6%, à cause de la crise de Covid-19 notamment. En comparaison, la consommation européenne de biodiesel a augmenté de 1,3%. Des chiffres qui traînent, et qui incombent l’UE de trouver une solution rapidement.