Depuis le début de la Guerre en Ukraine, l’Union européenne cherche des alternatives au gaz russe. Elle se tourne alors vers différents pays, différentes régions du monde. Ainsi, l’UE envisage d’importer du gaz israélien.
Néanmoins, il n’existe pas d’infrastructures reliant directement l’Europe et Israël. Ainsi, les livraisons devront passer par deux usines de GNL égyptiennes. Un groupe de travail conjoint a alors été lancé. Lior Schillat, directeur général du ministre de l’énergie israélien, déclare :
« Des professionnels des ministères travaillent à la formulation d’un accord trilatéral entre Israël, l’UE et l’Égypte, qui reflétera le cadre de base défini dans l’accord existant entre Israël et l’Égypte en matière d’exportations de gaz. L’accord-cadre politique permettra aux compagnies gazières de signer ensuite des accords commerciaux entre elles. »
Le gaz israélien doit passer par l’Égypte
De fait, Israël ne peut pas exporter son gaz vers l’Europe sans passer par l’Égypte. Lior Schillat explique :
« Un gazoduc d’Israël vers l’Europe n’existe pas, et l’option la plus pertinente est donc de transporter le gaz vers l’Égypte, vers ses deux usines de liquéfaction. Depuis l’Égypte, il sera expédié en Europe sous forme de GNL, où il sera à nouveau gazéifié. »
Il existe d’ores et déjà un gazoduc reliant les deux pays. Par ailleurs, le dernier accord gazier entre l’Égypte et Israël vise une augmentation des volumes d’exportation vers l’Égypte. Toutefois, l’Égypte augmente sa capacité de produite. En 2021, elle a atteint 71 Bcm, soit 10 Bcm de plus en un an.
De plus, le pays peut compter sur des installations d’exportation de GNL. La première, l’installation d’Idku, est exploitée par Shell. Elle a une capacité de9,9 Bcm/an. La seconde, celle de Damiette, est exploitée par Eni. Elle dispose d’une capacité de 5 millions de tonnes par an. Ces deux installations sont cruciales dans les discussions et, depuis février, elles fonctionneraient à « pleine capacité ».
Les accords entre Israël et l’Égypte ont évolué. Auparavant, Israël livrait son gaz uniquement via le gazoduc East Mediterranean Gas (EMG). Celui-ci est désormais inversé. Les nouveaux accords entre les deux pays prévoient une livraison de gaz israélien via l’Arab Gas Pipeline (AGP). Selon le ministère israélien de l’énergie, les exportations via l’AGP devraient atteindre les 4 Bcm/an à partir de 2023.
L’Égypte, exportateur de GNL ?
Selon S&P Global, les exportations de GNL de l’Égypte ont atteint 5,6 Bcm d’équivalent gaz en 2022. Le pays privilégie le marché européen ainsi que la Turquie. Cela s’explique par des prix du gaz plus élevé en Europe, par rapport aux prix spot du GNL asiatique.
En 2021, le GNL égyptien allait principalement vers l’Asie. Mais, suite à la hausse des prix en Europe, cette tendance s’inverse.
Ainsi, jusqu’à présent, la Turquie est le premier client du GNL égyptien avec 15 cargaisons. L’Espagne se classe deuxième (8 cargaisons), suivie de la France (6 cargaisons), de la Grèce, des Pays-Bas et du Royaume-Uni (avec 2 cargaisons). L’Égypte a également livré une cargaison en Belgique, en Croatie, en Italie, à Malte ou encore en Lituanie.
Le prix de référence JKM de S&P Global Platts pour le GNL spot en Asie du Nord-Est a atteint un niveau record de 84,76 $/MBtu au début du mois de mars.
Le JKM a atteint une moyenne de 29,46 $/MBtu en 2022 et a été évalué pour la dernière fois à 23,54 $/MBtu le 3 juin.
L’Égypte étant relativement exposée aux prix spot du GNL, la vigueur actuelle des prix est bénéfique pour le pays, dont les exportations de GNL ont totalisé 9,5 Gm3 en 2021, selon les données de S&P Global.