Cette annonce, dans un contexte électoral tendu, intervient deux semaines après la décision, vécue comme un camouflet à Washington, de l’Opep et de ses alliés, dont la Russie, de baisser leurs quotas de production de pétrole.
Redoutant que cela se traduise par une envolée des prix des carburants juste avant le scrutin du 8 novembre, crucial pour la fin de son premier mandat, M. Biden a insisté sur l’enjeu. « Les familles souffrent », a-t-il dit d’un ton grave, dans une allocution à la Maison Blanche, conscient que l’inflation élevée est son talon d’Achille, exploité à outrance par ses rivaux républicains.
Biden critique les pétroliers
Il est urgent d’augmenter de façon raisonnable la production américaine de pétrole », a donc plaidé le président. Une hausse de la production intérieure qui doit s’opérer « sans retarder notre transition vers les énergies propres », a-t-il toutefois souhaité.
M. Biden a par ailleurs réitéré ses critiques visant certains acteurs industriels de la filière des hydrocarbures.
« Les profits des raffineurs sont le double de d’habitude. Et les marges des distributeurs dépassent de plus de 40% la norme », a-t-il tweeté dans le sillage de sa conférence de presse.
Mais la mesure la plus forte est la confirmation mercredi que les Etats-Unis allaient puiser 15 millions de barils supplémentaires dans leurs réserves stratégiques pour tenter de soulager les cours de l’or noir. Cette nouvelle ponction, qui sera réalisée en décembre, constitue la dernière tranche du programme annoncé au printemps par le chef d’Etat américain et qui prévoyait de libérer 180 millions de barils au total pour faire face à la flambée des prix liée à l’invasion de l’Ukraine.
Reremplir les réserves
Parallèlement, le président américain prévoit de mettre en place un mécanisme de nature à reconstituer, à long terme, les réserves stratégiques. Le gouvernement américain se mettra à racheter du brut lorsque le cours du baril de West Texas Intermediate (WTI), variété de référence américaine, descendra dans une fourchette comprise entre 67 et 72 dollars.
Cette mesure, censée envoyer un signal clair aux marchés, vise aussi à encourager les grandes compagnies nationales à doper leur production.
L’administration prévoit de négocier des contrats de rachat à prix convenu à l’avance, moyennant un processus d’enchères, ce qui limitera les aléas liés à la volatilité des cours, a expliqué un responsable gouvernemental.
Depuis début septembre 2021, les Etats-Unis ont extrait plus de 212 millions de barils des réserves stratégiques, qui sont au plus bas depuis juin 1984. Jamais un président n’avait libéré de telles quantités depuis la création de ces réserves, en 1975.
S’il a baissé de 22% depuis son pic de mi-juin, le prix de l’essence ordinaire reste supérieur de 16% à son niveau de l’an dernier à la même époque. Quant au gazole, il ne s’est que modérément replié depuis juin, du fait de stocks très bas, et coûte 50% plus cher en moyenne qu’il y a un an.