Le géant minier BHP Limited a déclaré que la création d’une filière de “green iron” en Australie n’est pas économiquement viable, alors même que le Premier ministre australien Anthony Albanese a évoqué un rapprochement avec la Chine pour accélérer la décarbonation de la chaîne d’approvisionnement en acier. Selon Geraldine Slattery, présidente de BHP Australia, les coûts de production du fer bas-carbone dans le pays seraient “le double de ceux du Moyen-Orient et de la Chine”, y compris en tenant compte de mesures de soutien public.
Les enjeux industriels et économiques
Les discussions entre dirigeants australiens et chinois se sont déroulées cette semaine en présence de chefs d’entreprise du secteur minier, sur fond de recherche de nouvelles synergies industrielles. L’industrie sidérurgique mondiale, dont la chaîne d’approvisionnement génère près de 10% des émissions globales, fait actuellement l’objet de pressions pour réduire son impact carbone. Pourtant, selon BHP Limited, la stratégie du groupe n’envisage pas une production directe de fer ou d’acier bas-carbone en Australie.
Le pays fournit environ 60% des besoins chinois en minerai de fer, mais la qualité de ce minerai n’est pas suffisante pour être directement convertie en acier à faible émission à l’aide d’énergies renouvelables. Une étape supplémentaire de transformation s’avère donc nécessaire, étape qui pourrait, selon les industriels, n’être rentable que la décennie prochaine.
Investissements publics et initiatives privées
Pour tenter de relancer la filière, le gouvernement australien a alloué en février un budget d’AUD1bn ($673mn) pour soutenir la production et la chaîne logistique du green iron. Malgré cet appui, les coûts énergétiques élevés et la hausse du prix de la main-d’œuvre continuent de freiner la compétitivité de l’industrie australienne.
Des acteurs majeurs tels que BHP Limited, Rio Tinto Limited et Bluescope Steel Limited ont annoncé en décembre un projet commun de pilote industriel, reposant sur l’utilisation d’énergies renouvelables et la technologie du fer à réduction directe, avec une mise en service potentielle en 2028. Fortescue Metals Group Limited prévoit également la production de fer bas-carbone dès cette année dans une installation pilote.
La décision de BHP Limited de ne pas investir dans une production domestique à grande échelle intervient alors que les industriels cherchent à diversifier leurs activités au-delà des exportations de matières premières, dont la valeur annuelle s’élève à environ AUD370bn ($242bn).
La perspective d’une montée en puissance du green iron australien reste conditionnée à l’évolution du marché mondial et à la compétitivité des nouvelles technologies. “Même avec un soutien politique généreux, le coût de production en Australie ne s’aligne pas avec les principaux concurrents”, a rappelé Geraldine Slattery dans une publication sur les réseaux sociaux, citée par Reuters le 16 juillet.