Bernard Fontana, choisi par l’Élysée pour prendre la tête d’Électricité de France (EDF), a présenté aux commissions parlementaires ses axes de travail prioritaires. Sa nomination a été validée par 55 votes contre 40 au sein des commissions des Affaires économiques de l’Assemblée nationale et du Sénat. Elle sera officialisée par décret présidentiel après l’assemblée générale du groupe prévue le 5 mai.
Dialogue renouvelé avec les grands consommateurs industriels
L’un des premiers engagements formulés par Bernard Fontana concerne la relation d’EDF avec les grands industriels électro-intensifs. Il s’est déclaré prêt à conclure de nouveaux contrats de fourniture dans des conditions plus stables, en rupture avec la politique précédente. Le consortium Exeltium, qui regroupe plusieurs de ces acteurs, a exprimé son ouverture à une reprise des négociations dès les prochaines semaines, souhaitant les finaliser avant l’été.
M. Fontana, ancien cadre de l’industrie lourde, a souligné l’importance de fournir une électricité compétitive à l’ensemble des consommateurs industriels. Il a déclaré vouloir identifier rapidement les marges de manœuvre permettant de renforcer les relations contractuelles avec les secteurs stratégiques de l’économie française.
Relance du nucléaire et investissements ciblés
Au cœur du projet de Bernard Fontana figure l’objectif de porter la production nucléaire à 400 térawattheures d’ici 2030. Ce plan repose sur une hausse de puissance des installations existantes et sur la maîtrise du calendrier et des coûts du programme EPR2, qui prévoit six nouveaux réacteurs et une option pour huit supplémentaires. Il a insisté sur la nécessité d’anticiper le vieillissement du parc actuel.
En parallèle, la modernisation du parc hydraulique est identifiée comme une priorité, avec un refus clair de mettre en concurrence les barrages, malgré les demandes de la Commission européenne. Ce positionnement vise à sécuriser les capacités de production nationales dans un contexte de transition énergétique et d’exigences de stabilité du réseau.
Contraintes financières et arbitrages stratégiques
EDF fait toujours face à une dette de EUR54,3bn ($58.2bn), un niveau qui continue de peser sur sa stratégie d’investissement. Cette situation suscite des interrogations parmi les parlementaires, qui pointent des arbitrages contradictoires entre rentabilité, soutien public au nucléaire et pression sur les prix pour les consommateurs.
Bernard Fontana a affirmé sa volonté de donner la priorité aux investissements sur le territoire national. Il a également réaffirmé l’engagement du groupe à mener à terme les projets d’éolien en mer attribués en France, tout en renforçant l’analyse des différentes composantes du mix énergétique. Il a insisté sur l’importance d’assurer une stabilité globale du système, alors que des incidents récents en Espagne et au Portugal ont ravivé les débats sur la sécurité d’approvisionnement.