Bernard Fontana, récemment nommé PDG d’Électricité de France (EDF), a annoncé un objectif de réduction des coûts opérationnels de l’entreprise à hauteur de 30 %, soit un milliard d’euros d’économies sur un total actuel de 3 milliards d’euros, d’ici à l’année 2030. Cette décision intervient alors que Fontana entend rationaliser les dépenses de l’énergéticien en s’appuyant sur son expérience précédente chez Framatome, filiale d’EDF spécialisée dans les équipements nucléaires. Chez Framatome, Fontana avait déjà réduit considérablement les dépenses liées aux fonctions support, notamment en gelant les salaires durant plusieurs années. Cette expérience devrait servir de modèle à la réorganisation envisagée chez EDF.
Priorité aux contrats industriels longue durée
Bernard Fontana souhaite également renforcer la compétitivité commerciale d’EDF en augmentant le volume des contrats industriels à long terme. Le nouveau dirigeant cible ainsi la sécurisation d’environ 40 térawattheures (TWh) par an via des contrats dits « Nuclear Production Allocation Scheme » (CAPN). Ce mécanisme permettrait aux industriels électro-intensifs de bénéficier d’un prix fixe pour leur approvisionnement en électricité nucléaire sur plusieurs années. Toutefois, les tarifs proposés actuellement, avoisinant 70 €/MWh, restent supérieurs aux attentes du marché industriel, qui vise plutôt un prix proche de 50 €/MWh.
Le nucléaire comme levier stratégique central
Le plan de réduction des coûts de Fontana accompagne une stratégie affirmée de recentrage sur la filière nucléaire nationale. EDF a pour objectif d’atteindre une production annuelle de 400 TWh d’ici à 2030, contre environ 360 TWh actuellement. Cette augmentation de la production passe notamment par la mise en service progressive des réacteurs de nouvelle génération, les EPR2. Par ailleurs, les investissements internationaux devraient être revus à la baisse afin de concentrer les ressources sur les installations nucléaires françaises existantes.
Gestion nécessaire de l’endettement du groupe
La dette actuelle d’EDF reste un facteur important dans la décision de réduire les coûts. Évaluée à près de 54 milliards d’euros, cette dette contraint l’entreprise à revoir ses priorités d’investissement et à renforcer sa discipline financière. L’allègement envisagé des coûts opérationnels vise ainsi à générer une marge suffisante pour accompagner la stratégie industrielle et sécuriser les investissements critiques dans le secteur nucléaire français.
Réactions prudentes des syndicats internes
Cette annonce n’est pas passée inaperçue auprès des syndicats, qui ont manifesté leur vigilance face aux éventuelles répercussions sociales. Le risque de gel salarial prolongé inquiète notamment les organisations syndicales, qui redoutent que ces mesures conduisent à des tensions internes susceptibles d’affecter directement la production énergétique d’EDF. Le Comité social et économique central (CSEC), prévu prochainement, devrait permettre de clarifier davantage les détails opérationnels et sociaux de ce plan.
Le secteur attend désormais des précisions sur l’application concrète de cette stratégie, dont les implications pourraient influencer largement le paysage énergétique industriel français.