Le président serbe Aleksandar Vucic a déclaré vouloir éviter à tout prix une saisie des parts russes dans la société pétrolière Naftna Industrija Srbije (NIS), détenue en majorité par des entités affiliées au groupe énergétique russe Gazprom. Cette annonce intervient après que les États-Unis ont exigé le retrait complet des actionnaires russes en échange de la levée des sanctions récemment mises en œuvre à l’encontre de la compagnie.
Le ministère américain des Finances a commencé à appliquer les sanctions le 9 octobre, mettant en péril les opérations de NIS, qui gère la seule raffinerie de Serbie à Pancevo. L’entreprise alimente environ 80 % du marché intérieur en produits pétroliers et constitue un maillon central de l’économie énergétique nationale. Les autorités américaines ont précisé à Belgrade qu’aucune levée de sanctions ne serait envisagée sans un désengagement total de l’actionnariat russe.
Des négociations accélérées avec des partenaires étrangers
La structure actuelle de NIS repose sur une participation majoritaire des entités russes : Gazprom Neft détient près de 45 % du capital, sa filiale Intelligence 11,30 %, tandis que l’État serbe possède environ 30 %. Le reste est réparti entre des actionnaires minoritaires. Vucic a révélé que des pourparlers étaient en cours entre les actionnaires russes et des partenaires en Asie et en Europe, sans divulguer les noms des entreprises concernées.
En parallèle, le gouvernement serbe envisage de proposer une offre directe aux actionnaires russes. « Peu importe le coût, nous trouverons l’argent », a déclaré le chef de l’État. Une prise de contrôle par l’État n’est pas exclue, bien que Vucic affirme vouloir épuiser toutes les options avant d’y recourir.
Pression croissante sur les réserves pétrolières
Depuis l’application des sanctions, NIS est confrontée à des difficultés d’approvisionnement en brut. Selon la direction de la compagnie, les stocks actuels ne permettraient de maintenir les opérations que jusqu’au 25 novembre. Cette échéance renforce la pression sur le gouvernement, alors que la raffinerie de Pancevo joue un rôle clé dans les secteurs essentiels tels que la santé, la sécurité et l’éducation.
Avec un chiffre d’affaires estimé à 3,3 milliards d’euros ($3,53bn) pour 2024 et près de 13 500 salariés, NIS est également active en Bosnie, en Bulgarie et en Roumanie, avec plus de 400 stations-service dont environ 80 à l’étranger. Certains membres du gouvernement ont critiqué le comportement de la partie russe, l’accusant de mener des discussions sans consultation préalable avec Belgrade.
La ministre de l’Énergie Dubravka Djedovic Handanovic a affirmé que la patience de la Serbie avait atteint ses limites. « Nous avons été très loyaux, mais il n’y a plus de temps », a-t-elle déclaré, insistant sur l’importance stratégique de la raffinerie pour le fonctionnement du pays.