Le gouvernement belge a officialisé son intention d’étendre la capacité nucléaire du pays, en annonçant la prolongation de 4 gigawatts (GW) de réacteurs existants et le développement de nouvelles infrastructures pour atteindre un total de 8 GW. Cette annonce, faite par le Premier ministre Bart De Wever devant les députés, nécessite une modification législative pour lever l’interdiction de produire de l’énergie nucléaire en Belgique.
Une réforme législative pour prolonger le nucléaire
La législation actuelle, adoptée en 2003, prévoit l’arrêt progressif du parc nucléaire belge. Or, le gouvernement souhaite supprimer deux articles de cette loi : celui qui fixe le calendrier de fermeture des réacteurs et celui interdisant la production d’énergie à base d’atome. Cette modification ouvrirait la voie à une prolongation de centrales existantes et à la construction de nouveaux réacteurs.
Le ministre de l’Énergie, Mathieu Bihet, a précisé que cette réforme devrait être mise en œuvre rapidement afin d’assurer la continuité énergétique et d’éviter toute dépendance excessive aux énergies fossiles, comme le gaz naturel. La priorité est donnée à la prolongation des centrales de Doel 4 et Tihange 3, dont l’arrêt était initialement prévu, ainsi qu’à d’autres unités qui pourraient être maintenues en activité.
Le recours aux petits réacteurs modulaires
Parallèlement à la prolongation des réacteurs actuels, le gouvernement belge envisage la mise en place de petits réacteurs modulaires (SMR). Ces nouvelles infrastructures, qui nécessitent un cadre réglementaire spécifique, permettraient d’adapter la production d’énergie en fonction des besoins industriels et résidentiels.
L’abrogation partielle de la loi de 2003 ne remettra cependant pas en question le cadre juridique des évaluations périodiques de sûreté. L’ensemble du dispositif devra s’adapter aux normes européennes et aux évolutions du marché énergétique.
Un contexte géopolitique et économique favorable
La décision de maintenir et d’augmenter la capacité nucléaire s’inscrit dans un contexte marqué par les tensions énergétiques en Europe. Depuis 2022, la guerre en Ukraine et la dépendance aux importations de gaz ont conduit plusieurs États à revoir leur stratégie énergétique. En Belgique, le gouvernement précédent avait déjà prolongé deux réacteurs pour une durée de dix ans, jusqu’en 2035.
Les acteurs du secteur surveillent de près cette évolution, notamment l’énergéticien français Engie, qui exploite actuellement les centrales belges. Les négociations avec les partenaires industriels seront déterminantes pour fixer les modalités de financement et de mise en œuvre de ces nouvelles infrastructures.