Le gouvernement belge a confirmé l’adoption de nouvelles mesures de contrôle de qualité qui suspendront l’exportation de carburants bon marché et de basse qualité vers l’Afrique de l’Ouest. Ces mesures alignent les standards d’exportation de carburants avec ceux du marché domestique européen, ciblant le diesel et l’essence à haute teneur en soufre et en produits chimiques. Historiquement, ces carburants, avec une teneur en soufre pouvant atteindre 1 500ppm, étaient exportés à des tarifs réduits vers des pays comme le Nigeria et d’autres consommateurs ouest-africains. Les nouvelles normes limiteront la teneur en soufre à 50ppm, le benzène à 1% et le manganèse à 2mg/litre. Cette décision, qui entre en vigueur trois mois après la publication d’un décret royal, reflète une volonté de la Belgique de prévenir les risques sanitaires associés à l’exportation de carburants toxiques. La ministre de l’Environnement, Zakia Khattabi, a déclaré : « Trop longtemps, des carburants toxiques sont partis de la Belgique vers des destinations comme l’Afrique, entraînant une qualité de l’air extrêmement mauvaise et des risques carcinogènes. »
Implications pour le Commerce et l’Économie
L’interdiction des exportations de carburants de basse qualité devrait provoquer un changement des flux commerciaux vers d’autres hubs de fourniture. Les exportateurs de carburants bon marché se tournent déjà vers des opportunités de mélange en Méditerranée et au Royaume-Uni, où les contrôles d’exportation restent moins stricts. La ministre de l’Énergie, Tinne Van der Straeten, a exprimé l’espoir que cette initiative mette fin à l’exportation de carburants toxiques vers les nations ouest-africaines. Les opérateurs de stockage en Belgique ont signalé une réticence croissante parmi les exportateurs à signer des contrats pluriannuels en prévision des nouveaux contrôles d’exportation. En conséquence, les primes pour la capacité de stockage en Belgique devraient disparaître, les commerçants cherchant des alternatives en Espagne et à Chypre, où la demande de stockage de carburant est en hausse.
Répercussions Régionales et Globales
L’Afrique de l’Ouest, principale destination des exportations de carburants de basse qualité, devra s’adapter à ces nouvelles réglementations. Actuellement, les importations de carburants à basse qualité représentent une part importante de l’approvisionnement en carburant de la région en raison d’une production domestique insuffisante. En avril, l’Afrique de l’Ouest a importé environ 137 000 barils par jour d’essence de Belgique, soit 33% de ses importations de carburant principal. Cette part a augmenté depuis avril 2023, lorsque les Pays-Bas ont imposé leur interdiction. Avec la suspension des exportations bon marché depuis l’Europe du Nord-Ouest, l’accent sera mis sur la raffinerie Dangote au Nigeria. Cette raffinerie de 650 000 barils par jour promet de mettre fin à la dépendance de l’Afrique de l’Ouest aux importations de carburant. Aliko Dangote, propriétaire de la raffinerie, a déclaré que le Nigeria n’aurait plus besoin d’importer du carburant d’ici juin. Cependant, les analystes estiment que les premières livraisons de la raffinerie pourraient ne pas arriver avant le troisième trimestre de l’année, avec une production régulière attendue d’ici 2027.
Perspectives Futures et Défis
Les nouvelles spécifications de carburant en Afrique de l’Ouest, avec une réduction dramatique de la teneur maximale en soufre à 50ppm d’ici janvier 2025, pourraient transformer durablement le marché régional des carburants. Actuellement, les importations de carburant au Nigeria sont déjà soumises à une limite de soufre de 150ppm, tandis que les approvisionnements domestiques restent à des niveaux plus élevés. La décision belge d’interdire les carburants de basse qualité pourrait également affecter le marché du benzène, utilisé dans les plastiques, les détergents et d’autres applications. Avec des limites plus strictes sur le benzène dans l’essence, l’extraction de benzène pourrait augmenter, ajoutant ainsi de la longueur au marché à long terme. La décision de la Belgique de suspendre l’exportation de carburants de basse qualité vers l’Afrique de l’Ouest marque un tournant important dans les flux commerciaux de carburants. Cette initiative vise à améliorer la qualité de l’air et à réduire les risques sanitaires dans les pays importateurs. Elle met également en lumière les défis et les opportunités pour les marchés régionaux et mondiaux des carburants, dans un contexte de transition vers des carburants plus propres et des normes environnementales plus strictes.