L’Australie et le Royaume-Uni pourraient devenir des chaînes d’approvisionnement en batteries pour les véhicules électriques.
Un acheteur prépondérant
Pour que le projet débute, il faudrait que les gouvernements acceptent de le financer en partie et qu’il éduque la population en matière de mobilité électrique. Ainsi, un webinaire intitulé « Bridging the Gap Between Miners and OEMs » sera organisé par les Critical Minerals Associations du Royaume-Uni et de l’Australie. Quentin Wilson, un journaliste du secteur automobile basé au Royaume-Uni, déclare:
« Les gouvernements doivent comprendre que les batteries sont des actifs nationaux stratégiques et que si nous n’investissons pas, et si les gouvernements ne soutiennent pas, la Chine prendra 100% du marché »,
En effet, le secteur du traitement des minéraux critiques est largement dominé par la Chine financé par le gouvernement dans sa totalité. Si ce classement s’avère problématique, c’est parce que l’approvisionnement chinois s’intéresse très peu aux critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). De plus, les batteries produites par l’Indonésie et traitées en Chine rejetteraient une forte quantité de carbone lors du traitement du nickel.
Un producteur important
L’Australie occidentale s’avère être le plus grand producteur au monde de spodumène. Elle vend actuellement 90% ce minerai lithium à la Chine. Cette dernière a conclu suffisamment d’accords pour réussir à contrôler 90% de l’approvisionnement mondial en lithium.
Dorénavant, l’objectif serait que l’Australie vende les batteries au Royaume-Uni afin de créer une alternative à l’approvisionnement en batteries chinoises. Cette chaîne d’approvisionnement 100% occidentale éliminerait l’utilisation de matériaux et les remplacerait par des énergies vertes. Cette année, EV Metals Group a lancé l’Australian Lithium Alliance qui vise à accélérer le traitement des minéraux de lithium par le biais de coentreprises et d’accords d’écoulement.
Le financement chinois
La Chine possède néanmoins l’avantage pour conclure des accords d’écoulement pour le spodumène australien. Elle possède en effet, de nombreuses installations de transformation qui lui permettent d’obtenir des matériaux cathodiques utilisables dans les batteries. Ainsi, elle dispose de financements pour les accords d’enlèvement et apparaît comme le seul choix possible pour l’Australie.
Le PDG de la Critical Minerals Association (CMA) du Royaume-Uni, Jeff Townsend, déclare:
« Nous devons créer des débouchés mondiaux dans le secteur intermédiaire en dehors de la Chine. Mais c’est la partie la plus capitalistique de l’opération : cela peut coûter 350 à 500 millions de dollars pour mettre en place une opération midstream. »
Cela s’ajoute à une situation déjà tendue avec des prix du lithium qui ont plus que doublé cette année. Pour relever le pari, l’Arabie saoudite pourrait également constituer un partenaire de taille puisqu’elle cherche à réduire la dépendance économique vis-à-vis du pétrole et de la pétrochimie.
Une mutation de la chaîne d’approvisionnement
EVM investit donc $3,9 milliards dans un complexe de produits chimiques pour batteries en Arabie saoudite. Il assurera la production de 100.000 mt/an d’hydroxyde de lithium monohydraté. De plus, il produira 450.000 mt/an de sulfate de nickel.
L’Inflation Reduction Act pourrait restreindre les importations de certains minéraux critiques vers les États-Unis. Cette solution permettrait de relancer la construction de chaînes nationales de minéraux pour batterie. La CMA rédigera un rapport transversal Royaume-Uni et Australie relatif à la coopération bilatérale dans ce domaine.