Le géant de la chimie BASF, plus gros consommateur de gaz d’Allemagne, s’est dit confiant mercredi de pouvoir faire fonctionner ses usines, avec une charge réduite, même en cas de rationnement de l’approvisionnement en gaz.
“Si le gouvernement devait déclarer la troisième et dernière phase d’urgence, nous partons actuellement du principe que BASF recevrait encore suffisamment de gaz naturel pour maintenir l’exploitation du site de Ludwigshafen avec une charge réduite”, a déclaré le patron du groupe Martin Brudermüller lors d’une conférence téléphonique à l’occasion des résultats du deuxième trimestre.
Le groupe, qui exploite à Ludwigshafen (ouest) le plus grand complexe chimique du monde, employant près de 39.000 personnes, est considéré comme le maillon faible de l’industrie allemande en cas d’aggravation de la crise gazière. Le site est essentiellement alimenté par du gaz russe dont les volumes livrés à l’Europe ne cessent d’être réduits dans le contexte du bras de fer entre Moscou et les Occidentaux depuis l’invasion de l’Ukraine.
Ludwigshafen ne pourrait pas continuer à fonctionner si son approvisionnement en gaz tombait en dessous de 50% de ses besoins, a rappelé mercredi le PDG. Mais M. Brudermüller s’est dit convaincu que cela n’arrivera pas et que, même dans le cas où le gouvernement allemand serait amené à rationner les quantités de gaz, BASF continuerait à recevoir des volumes permettant de faire tourner ses usines à capacité réduite.
En cas de pénurie, il reviendrait aux pouvoirs publics de répartir le gaz entre les entreprises prioritaires. M. Brudermüller estime que “la grande majorité de l’industrie chimique sera classée comme d’importance systémique”, précisant que des discussions à ce sujet sont en cours avec les autorités allemandes.
Parallèlement, le leader mondial de la chimie prépare “des mesures d’optimisation de la production” pour économiser du gaz. À titre d’exemple, le deuxième site du groupe en Allemagne, situé à Schwarzheide (est), pourrait couvrir la totalité de ses besoins en électricité et en vapeur avec du mazout, selon M. Brudermüller.
Ce ne serait que “partiellement” possible pour le site de Ludwigshafen. Par ailleurs, “nous réduisons la production dans les installations qui nécessitent de gros volumes de gaz naturel, comme les unité d’ammoniac”, a expliqué le PDG.
L’ammoniac entre notamment dans la composition des engrais. Pour compenser cette baisse de production, BASF s’approvisionne en ammoniac auprès de fournisseurs externes, une situation qui risque d’entraîner une flambée des coûts des engrais l’année prochaine, a prévenu M. Brudermüller.