BARRAGE HYDROÉLECTRIQUE DE GOURBASSI : LA CMEC VA CONSTRUIRE UN BARRAGE ENTRE LE SÉNÉGAL ET LE MALI.
La CMEC (China Machinery Engineering Corporation) a signé un contrat de 243 millions d’euros afin de construire le barrage hydroélectrique de Gourbassi. Ce projet se situe sur le Falémé à la frontière sénégalo-malienne et n’est pas le premier investissement chinois dans la région. Ce programme initié par l’OMVS (Organisation de Mise en Valeur du fleuve Sénégal) contribuera à améliorer l’accès à l’eau et à l’électricité des deux pays.
Le barrage de Gourbassi stockera jusqu’à 2,1 milliards de m3 d’eau.
Les capacités du barrage.
Le futur barrage hydraulique de Gourbassi devrait avoir une puissance de 18 MW, et un débit optimal d’environ 500 m3 par seconde.
Ce projet va permettre d’améliorer les ressources en électricité et son accès aux Sénégalais et Maliens. Pour l’OMVS, ce barrage va aussi augmenter le niveau du fleuve à un niveau permettant la navigation entre Saint-Louis et Amidébi, soit un total de 2,1 milliards de m3 d’eau.
Un barrage hydroélectrique à l’origine de plus de 10 000 emplois locaux.
La réalisation de ce projet de développement hydraulique à Gourbassi devrait créer plus de 10 000 emplois locaux.
« Nous espérons que ce projet aura un impact positif sur les conditions de vie des populations et le développement des activités dans les pays concernés », déclare l’OMVS.
Un impact positif en dehors du barrage.
Ce projet va avoir un rôle décisif dans la navigabilité du fleuve, mais il va aussi permettre à l’OMVS de soutenir de faibles inondations. Ces dernières vont assurer une submersion suffisante dans les plaines inondables afin d’y favoriser l’agriculture de décrue.
« Des zones supplémentaires pourront être irriguées en basse saison par des apports contrôlés du barrage. Cela permettra de renforcer le potentiel agricole de la vallée du fleuve Sénégal », souligne l’organisation dans un communiqué.
En outre, ce barrage de Gourbassi va avoir un impact très positif sur la pêche et ses activités, et va réduire les besoins en eau potable de la population.
Il s’agit du cinquième barrage hydroélectrique développé par l’Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal après les barrages de : Manantali et Gouina au Mali, Diama sur le fleuve Sénégal et Koukoutamba au nord de la Guinée.
Des retombées environnementales importantes
Même si socialement, ce barrage est une opportunité pour le Mali et le Sénégal. Il ne faut pas mettre de côté les enjeux environnementaux relatifs à cette infrastructure.
La faune et la flore du lac seront directement impactées, tout comme les caractéristiques du cours d’eau. Ces modifications vont avoir des impacts irréversibles sur l’écosystème du Falémé. Blessures ou disparitions d’espèces de poisson, modification du biotope, modification du processus d’érosion ne sont que des exemples parmi les nombreuses conséquences.
Les investissements énergétiques en Afrique ne sont pas nouveaux pour la Chine.
Pour l’Agence internationale de l’énergie, Pékin est le premier investisseur mondial dans les énergies renouvelables : solaires, éoliennes, hydroélectriques…
Les barrages attirent la plupart de ces investissements.
Le Monde nous apprend que dans l’un de ses derniers rapports, l’Agence internationale de l’Énergie a expliqué que les entreprises chinoises construisent actuellement 30% des nouvelles capacités électriques africaines. Ce pourcentage correspond à environ 200 projets qui ont vu le jour entre 2010 et 2020.
En résumé, “On peut dire qu’un mégawatt sur deux est chinois […] Si on met à part les investissements réalisés en Afrique du Sud, c’est même 46% des nouvelles capacités électriques en Afrique subsaharienne qui sont construites par des entreprises chinoises avec une large place faite aux barrages” (David Bénazéraf, auteur du rapport).
En réalité, 60% des barrages construits en Afrique sont chinois, il s’agit même de la “spécialité” du géant asiatique. Cependant certains ONG tirent la sonnette d’alarme sur les conséquences environnementales de telles infrastructures.
L’auteur du rapport ajoute que,
« Pour l’Afrique cela reste cependant une véritable chance […] Près de 635 millions d’Africains n’ont pas accès à l’électricité. Avec ces projets réalisés par la Chine, ce sont 120 millions de personnes qui auront accès à l’énergie. C’est évidemment positif mais loin d’être suffisant. D’autres acteurs doivent s’impliquer pour électrifier le continent. »
Des investissements chinois qui ne sont pas toujours très verts.
Entre 2014 et 2017, Pékin a été le premier “électricien” du continent Africain. Cependant, la Chine n’a pas profité de cette occasion pour faire de l’Afrique un continent propulsé par les énergies renouvelables.
L’essentiel des investissements Chinois se focalisent sur des projets utilisant des énergies fossiles et polluantes. La Chine n’investit pas par hasard en Afrique, ses projets servent les intérêts économiques du géant asiatique, faisant passer ses ventes de charbon devant les enjeux environnementaux africains. Car l’économie chinoise tourne encore essentiellement au charbon.
Mais paradoxalement, Pékin reste le premier investisseur mondial dans les énergies renouvelables, tout en étant le plus gros pollueur de la planète.