L’Europe entre dans l’année 2025 avec des réserves de gaz particulièrement faibles, un signe inquiétant pour la stabilité énergétique du continent. En effet, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), les stocks de gaz ne couvrent plus que 30% de la consommation hivernale de l’Union européenne. Le 16 mars 2025, les réserves étaient à seulement 34%, contre 60% à la même époque l’année précédente. En France, ce taux est descendu à 21%. Plusieurs facteurs expliquent cette situation : un hiver plus froid que prévu, la baisse de la production d’énergie renouvelable en novembre 2024 et l’arrêt du transit de gaz russe par l’Ukraine fin 2024, bien que cette source ne représentait que 5% des approvisionnements en Europe. Face à cette situation, les opérateurs ont préféré puiser dans les réserves plutôt que de compter sur des importations, dont le volume a diminué de 6% en 2024.
Les tensions sur les prix de l’énergie
Cette situation de pénurie de gaz met une pression supplémentaire sur les prix de l’énergie en Europe. En 2025, les prix du gaz sont attendus à 45 euros par mégawattheure (MWh), soit presque deux fois plus qu’avant la crise énergétique de 2022. Cette hausse des prix risque de nuire à la compétitivité de l’industrie européenne, déjà confrontée à des coûts énergétiques élevés par rapport à d’autres régions. Selon l’AIE, les prix pour les consommateurs industriels européens sont en moyenne 30% plus élevés qu’en Chine et cinq fois plus qu’aux États-Unis. Le gaz naturel liquéfié (GNL), utilisé pour compenser la perte de gaz russe, devient de plus en plus convoité, ce qui aggrave la situation sur le marché mondial, où l’Asie et l’Europe se disputent les mêmes volumes.
Un marché du GNL de plus en plus tendu
Depuis 2022, l’Europe s’est tournée vers le GNL pour remplacer le gaz russe, dont l’approvisionnement a été fortement réduit. En 2024, le GNL a fourni 34% de la demande de gaz en Europe, après avoir représenté 40% en 2023. L’AIE souligne que les importations de GNL devront augmenter de manière significative dans les années à venir pour éviter une crise de l’approvisionnement, en particulier avant l’hiver prochain. Toutefois, le GNL est également en forte demande en Asie, ce qui complique la situation pour l’Europe, qui devra rivaliser avec d’autres grandes économies pour sécuriser ses stocks. Une telle concurrence mondiale risque de maintenir une pression haussière sur les prix du gaz dans les mois à venir.
Une situation tendue jusqu’en 2026
Bien que la production mondiale de GNL devrait augmenter de 5% en 2025, selon l’AIE, cette croissance ne suffira pas à compenser la perte de l’approvisionnement russe. Le marché du gaz restera donc tendu en 2025, avec des prix élevés. Toutefois, une amélioration de la situation est attendue après 2026, avec la mise en service de nouvelles capacités de GNL, notamment en provenance des États-Unis et du Qatar. Angelina Valavina, directrice des ressources naturelles et des matières premières chez Fitch Ratings, anticipe que ces volumes supplémentaires exerceront une pression à la baisse sur les prix, permettant ainsi une détente progressive du marché.