L’Arabie Saoudite, la Russie et l’Irak ont tenu une réunion stratégique à Bagdad le 26 novembre pour discuter des conditions actuelles du marché pétrolier mondial. Ce rassemblement intervient dans un contexte où les tensions liées aux quotas de production au sein de l’OPEP+ dominent les discussions. La réunion de l’OPEP+ prévue pour le 1er décembre portera sur les stratégies de production pour 2025, alors que le groupe doit équilibrer stabilité du marché et rentabilité économique.
Le Premier ministre irakien, Mohammed Shia al-Sudani, a accueilli le vice-Premier ministre russe, Alexander Novak, et le ministre de l’Énergie saoudien, Abdulaziz bin Salman. Selon les déclarations officielles irakiennes et saoudiennes, les discussions ont mis l’accent sur l’importance de maintenir un marché pétrolier stable, équilibré, et avec des prix jugés justes. Ces préoccupations reflètent les défis actuels des pays membres de l’OPEP+ face à un contexte économique incertain.
Des quotas sous tension
Parmi les sujets sensibles abordés lors de cette réunion figurent les dépassements de quotas de production. En 2024, l’Irak et la Russie ont régulièrement excédé leurs limites imposées par l’OPEP+. En octobre, l’Irak a produit 4,14 millions de barils par jour (b/j), soit 235 000 b/j au-dessus de son quota, selon les données du rapport OPEP+ de S&P Global Commodity Insights. Bien que Bagdad ait soumis des plans de compensation à l’organisation, ces écarts soulèvent des questions sur l’engagement des membres à respecter leurs quotas.
De son côté, la Russie a également dépassé ses objectifs, produisant 9,03 millions de b/j en octobre, un volume supérieur de 52 000 b/j à son quota fixé à 8,98 millions b/j. Ce comportement récurrent de non-conformité alimente les frictions au sein du groupe, qui doit gérer un équilibre délicat entre flexibilité et discipline.
Des défis persistants pour 2025
L’un des principaux points à l’ordre du jour de la réunion de l’OPEP+ sera de discuter des réductions volontaires de production actuellement en place. L’Arabie Saoudite, la Russie et l’Irak participent à des coupes combinées de 2,2 millions b/j, mais leur prolongation ou leur ajustement reste incertain. Prévue initialement pour s’assouplir en janvier 2025, cette stratégie a déjà été repoussée à deux reprises en raison de prix du pétrole insuffisants pour équilibrer les budgets des pays producteurs.
En effet, le prix du Brent daté, évalué à 74,29 dollars par baril le 25 novembre, demeure bien en dessous des sommets atteints en avril à 93 dollars. Cette faiblesse des prix complique les prévisions de croissance de la demande, d’autant plus que des incertitudes géopolitiques persistent avec les conflits en Ukraine et au Moyen-Orient.
Une conjoncture internationale complexe
Outre les défis économiques, l’OPEP+ devra tenir compte des évolutions politiques mondiales, notamment une potentielle réorientation de la politique commerciale américaine après les élections présidentielles de 2024. La prise en compte de la concurrence des producteurs non-membres de l’OPEP ajoutera une couche supplémentaire de complexité dans les décisions à venir.
Alors que l’OPEP+ s’apprête à redéfinir sa stratégie pour les années à venir, les discussions de Bagdad reflètent une volonté de coopération entre certains des principaux acteurs du marché pétrolier mondial. Cependant, les divergences sur le respect des quotas et les dynamiques géopolitiques pourraient influencer significativement les décisions prises lors de la réunion du 1er décembre.