L’Australie poursuit ses ambitions de devenir un leader mondial en séquestration du carbone, soutenue par de nouvelles recherches qui démontrent la faisabilité du transport du dioxyde de carbone (CO₂) à basse pression et température. Cette avancée technologique pourrait réduire considérablement les coûts de transport, un facteur clé pour rendre la capture et le stockage du carbone (CCS) économiquement viables à grande échelle.
Une étude publiée par le Future Energy Exports Cooperative Research Centre (FenEx CRC) a validé le transport du CO₂ dans des conditions de basse pression et température, ce qui pourrait permettre des économies substantielles lors du déplacement du CO₂ depuis les sites d’émission industrielle jusqu’aux réservoirs de stockage. L’Australie, avec ses vastes bassins offshore et sa géologie favorable, est bien placée pour tirer parti de cette technologie et renforcer sa position de leader en matière de séquestration du carbone à l’échelle mondiale.
Une opportunité stratégique pour l’australie
L’étude de FenEx CRC, présentée par les gestionnaires de projet Daein Cha et le Dr Luke McElroy, montre que l’Australie, qui émet environ 500 millions de tonnes de CO₂ par an, dispose de réserves géologiques capables de stocker jusqu’à 870 ans de ces émissions. Cette capacité dépasse largement les besoins internes et offre une opportunité stratégique pour l’Australie de devenir un centre de stockage du carbone pour des pays comme le Japon et la Corée du Sud, qui manquent de formations géologiques adaptées à cet effet.
Avec l’essor du marché mondial du CCS, estimé à croître de 3,47 milliards de dollars en 2023 à 5,61 milliards de dollars d’ici 2030, l’Australie se positionne comme un acteur clé. Les accords avec des entreprises japonaises et coréennes, telles qu’INPEX et J-Power, soutiennent ces initiatives de stockage transfrontalier.
Le transport du co₂ : un défi technologique
L’un des principaux obstacles à l’adoption à grande échelle du CCS reste le coût et la complexité du transport du CO₂. Les pipelines, bien qu’économiques sur de courtes distances, deviennent rapidement impraticables au-delà de 200 kilomètres. Le transport maritime est donc envisagé comme une alternative, mais nécessite de nouvelles technologies pour réduire les coûts. Le FenEx CRC a révélé qu’en maintenant le CO₂ à une pression de 7 bars et à une température de -49°C, il est possible d’envisager un stockage plus léger et moins cher sur des navires, ce qui pourrait véritablement libérer le potentiel de l’industrie.
Des projets tels que le Northern Lights en Norvège ont déjà démontré la faisabilité du transport maritime du CO₂, et des modèles similaires pourraient être reproduits en Australie. Cette avancée pourrait rendre viable l’utilisation du CCS dans les secteurs difficiles à décarboner, une priorité soulignée par l’Agence internationale de l’énergie (AIE).
Des investissements et des projets en pleine expansion
L’Australie bénéficie également d’une réglementation claire et d’une ouverture à l’acquisition d’espaces de stockage de CO₂ par des acteurs privés. Cela a permis de stimuler les investissements dans des projets tels que le Moomba CCS, un partenariat entre Santos et Beach Energy, et DeepC Store. Ces projets visent à déployer des installations de stockage à grande échelle, renforçant ainsi la position de l’Australie comme une référence mondiale pour la séquestration du carbone.
L’étude de FenEx CRC, en validant le transport du CO₂ dans ces nouvelles conditions, montre qu’une combinaison de stockage offshore et de transport maritime pourrait répondre à une demande mondiale croissante pour des solutions de stockage du carbone à faible coût.