Le gouvernement australien a présenté une nouvelle orientation pour sa politique de bioénergie avec la publication d’un document de consultation sur sa stratégie nationale d’approvisionnement en biomasse. Ce plan, porté par le ministère de l’Agriculture, exclut explicitement certaines matières premières comme les huiles de cuisson usagées, les déchets municipaux et les sources non biogéniques telles que l’hydrogène vert.
Cette décision marque un recentrage stratégique sur les matières issues directement des secteurs agricoles et forestiers. Le gouvernement souhaite appuyer la structuration de chaînes d’approvisionnement locales autour de ressources établies telles que le colza, le suif, la biomasse ligneuse, la canne à sucre et le sorgho.
Un appui financier ciblé sur les filières matures
Le plan sera mis en œuvre en coordination avec le Cleaner Fuels Program, doté d’une enveloppe de AUD1.1bn ($710mn) sur dix ans. Ce programme vise à stimuler la production de carburants liquides à faibles émissions, notamment le diesel renouvelable et les carburéacteurs durables, en misant sur des solutions techniquement éprouvées.
Le choix d’écarter des technologies en développement, comme les procédés Fischer-Tropsch ou alcohol-to-jet, traduit la volonté de privilégier des filières agricoles éprouvées, en particulier la voie des esters et acides gras hydrotraités. Les autorités ont également confirmé que l’hydrogène ne ferait pas partie des matières premières bioénergétiques, bien qu’il continue de bénéficier d’aides via le Hydrogen Headstart Program, doté de AUD2bn.
Les déchets exclus du périmètre immédiat
Bien que les huiles usagées et les flux de déchets urbains restent des matières valorisables dans une logique d’économie circulaire, ils ne sont pas intégrés dans cette stratégie pilotée par les secteurs agricoles. Ce choix traduit une séparation claire entre les politiques de soutien aux différentes filières énergétiques.
Le document de consultation a suscité des réactions positives dans les milieux industriels. L’Australian Forest Products Association a salué la reconnaissance du potentiel économique du bois et des résidus forestiers dans la production de bioénergie.
Une stratégie connectée aux exportations agricoles
L’Australie exporte actuellement près de AUD4bn de matières premières agricoles potentiellement valorisables sous forme de biocarburants. Le gouvernement considère cette situation comme une opportunité pour renforcer la souveraineté énergétique et créer de la valeur ajoutée localement.
Les parties prenantes, notamment les producteurs et les associations professionnelles, ont jusqu’au 7 novembre pour transmettre leurs observations. Un document distinct sur le fonctionnement opérationnel du Cleaner Fuels Program reste attendu.