Les entreprises énergétiques norvégiennes Equinor, Aker BP et Vår Energi sont confrontées à des augmentations notables des coûts de leurs projets pétroliers et gaziers offshore. Ces révisions budgétaires sont principalement attribuées à l’inflation importée, aux retards dans les calendriers de projet et aux fluctuations des taux de change. Le récent budget gouvernemental norvégien a mis en lumière ces défis financiers, révélant que les trois sociétés ont ajusté à la hausse leurs prévisions de coûts pour plusieurs projets clés.
État des Projets et Détails des Coûts
Equinor, leader du secteur énergétique en Norvège, a révélé que son projet Johan Castberg dans la mer de Barents, initialement estimé à 49 milliards de couronnes en 2018, a vu ses coûts augmenter de 76 % pour atteindre désormais 86 milliards de couronnes (environ 8,08 milliards USD). Cette hausse est due aux retards et complications rencontrés dans les chantiers navals norvégiens, ainsi qu’aux effets de change. En 2024, les coûts ont encore augmenté de 2,2 milliards de couronnes par rapport à l’année précédente. Les problèmes de gestion de projet, notamment la complexité accrue de la phase de construction, l’impact des mesures de contrôle des infections et la disponibilité réduite de main-d’œuvre pendant la pandémie, ont contribué à cette dérive budgétaire.
Aker BP, quant à elle, a vu ses coûts pour le projet Yggdrasil, le plus grand développement pétrolier et gazier norvégien depuis le démarrage de Johan Sverdrup en 2019, passer de 120,2 milliards de couronnes à 134,4 milliards de couronnes. Cette augmentation est principalement due à une dépréciation de la couronne norvégienne, entraînant une inflation des coûts des équipements importés. Malgré ces défis financiers, le projet reste sur les rails pour une mise en production prévue d’ici 2027.
Vår Energi, de son côté, fait face à la plus forte dérive budgétaire avec son projet Balder Future. Approuvé initialement à 19,6 milliards de couronnes en 2019, le coût du projet est désormais estimé à 52,2 milliards de couronnes, soit plus du double de son estimation initiale. Ce projet a également souffert de retards significatifs, avec un démarrage repoussé jusqu’au second trimestre 2025.
Analyse des Raisons des Surcoûts
Les principales raisons des surcoûts incluent des problèmes de chaîne d’approvisionnement et la complexité accrue des projets. Les coûts supplémentaires de main-d’œuvre et la complexité de l’installation ont particulièrement impacté le projet Johan Castberg. La pandémie de COVID-19 a également ralenti les travaux dans les chantiers de Singapour, d’où proviennent plusieurs modules clés. De plus, une couronne norvégienne affaiblie a généré une inflation importée sur les équipements et services, surtout pour les projets de grande envergure nécessitant des pièces spécifiques provenant de l’étranger.
Aker BP est également confronté à des défis juridiques liés à l’approbation du projet Yggdrasil par le ministère de l’Énergie, en raison de l’opposition de groupes environnementaux préoccupés par l’impact du projet sur l’environnement. Ces facteurs combinés ont contribué à l’augmentation des coûts et aux retards dans la réalisation des projets.
Conséquences Stratégiques et Économiques
Les hausses de coûts des projets pourraient avoir des impacts significatifs sur les marges de profit des entreprises, surtout dans un contexte de volatilité des prix de l’énergie. Les retards de production affectent également la rentabilité des projets à long terme. Cependant, Equinor a souligné que le projet Johan Castberg reste rentable avec un seuil de rentabilité autour de 35 USD par baril, bien en dessous des niveaux actuels du marché.
Ces augmentations budgétaires peuvent également influencer les décisions d’investissement futures des entreprises et affecter leur compétitivité sur le marché international. Les retards dans les calendriers de projet peuvent entraîner une perte de confiance des investisseurs et des partenaires commerciaux, ce qui pourrait compliquer le financement de projets futurs.
Perspectives et Défis
Malgré ces défis, Equinor, Aker BP et Vår Energi poursuivent leurs investissements, misant sur des découvertes supplémentaires et une montée en puissance progressive des infrastructures existantes. Toutefois, la pression exercée par les groupes environnementaux et les incertitudes liées aux coûts augmentent les risques, notamment pour des projets comme Yggdrasil qui risquent d’être retardés si des recours judiciaires aboutissent. Ces évolutions reflètent la difficulté croissante de mener des projets d’extraction en mer dans des régions de plus en plus hostiles, où les coûts d’infrastructure et les retards peuvent rapidement éroder la rentabilité attendue.