Les attaques en Arabie Saoudite contre des installations pétrolières ont poussé le pays à frapper militairement à son tour le Yémen et sa capitale, Sanaa. Le conflit s’enlise, alors que les États-Unis pourraient ne plus être le meilleur des médiateurs depuis que le Président Biden a publiquement attaqué le régime saoudien.
Les attaques en Arabie Saoudite contre les places fortes du pétrole mondial
Les attaques en Arabie Saoudite d’installations pétrolières s’intensifient actuellement. Dimanche, 8 missiles balistiques et 14 drones chargés de bombes ont été envoyés par les rebelles Houthis dont une dizaine interceptée.
Selon le ministre saoudien de l’Énergie, la compagnie nationale Saudi Aramco a vu un complexe résidentiel visé à Dhahran.
Un autre missile a frappé un parc pétrolier de la raffinerie de Ras Tanoura (550.000 barils/jour). La ville accueille également le principal port d’exportation de pétrole au monde.
Des répercussions sur le marché pétrolier ?
Cette répétition d’attaques pourrait impacter un marché du pétrole affaibli par la crise sanitaire. Selon la Commerzbank, la possibilité de dégâts à Ras Tanura est particulièrement inquiétante pour le marché. L’économie saoudienne reste en effet très dépendante de ses exportations en pétrole.
Une riposte massive de l’Arabie Saoudite
Les autorités saoudiennes accusent également les Houthis de viser des cibles civiles. En représailles, des frappes aériennes ont été menées sur les capacités militaires ennemies. La chaine télévisée houthie al-Masirah fait état d’au moins 7 frappes aériennes sur Sanaa.
L’Arabie Saoudite s’appuie sur l’Alliance militaire Islamique constituée fin 2015 pour mettre fin à la rébellion Houthi.
Les États-Unis en médiateur du conflit
Le Président Biden souhaite se désengager du Yémen et se positionner comme un médiateur.
Dans un premier temps, les États-Unis ont mis fin à leur soutien logistique aux offensives saoudiennes au Yémen. Washington a également gelé certains contrats de ventes d’armes conclus sous l’administration Trump. Enfin, le Président Biden a retiré de la liste noire des groupes terroristes les Houthis pour faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire. Selon Annelle Sheline du Quincy Institute for Responsible Statecraft :
« Ils [Houthis] ont l’impression d’avoir le dessus dans la guerre, et il n’y a pas beaucoup de raison d’arrêter les combats ».
L’alliance entre saoudiens et américains menacée ?
La « diplomatie des valeurs » de Biden pourrait compromettre l’alliance américano-saoudienne. Les récentes décisions américaines font dire aux saoudiens qu’ils ont encouragé les Houthis.
De plus, récemment, une note secrète du FBI rendue publique tient pour responsable Mohammed Ben Salman dans l’assassinat de Khashoggi. Cependant, les États-Unis ne peuvent se passer d’un allié essentiel dans leur conflit qui les opposent à l’Iran, proche des Houthis.
Une paix impossible ?
Sur le terrain, les combats restent intenses comme dans la province de Ta’izz au Yémen. Encore à Marib, dans le nord du pays, dernier bastion des forces gouvernementales. Le conflit qui dure déjà depuis 6 ans, s’embourbe, alors que la première puissance militaire au monde, les États-Unis, semble vouloir s’en désengager.