Le ministre du Pétrole du Soudan du Sud, Puot Kang Chol, a été arrêté à son domicile à Juba dans la nuit du 4 au 5 mars 2025. Selon son porte-parole, Sirir Gabriel Yiei Ruot, l’arrestation a été menée par des forces militaires fidèles au président Salva Kiir. En plus de l’arrestation de M. Chol, plusieurs membres de sa famille et ses gardes du corps ont également été appréhendés. Cette arrestation intervient dans un climat politique tendu, à la suite de mois de tensions croissantes entre les partisans de M. Kiir et ceux du vice-président Riek Machar.
Le contexte politique au Soudan du Sud
Le Soudan du Sud, depuis son indépendance en 2011, est en proie à une instabilité politique et sociale persistante. Les luttes de pouvoir entre les camps du président Kiir et du vice-président Machar ont marqué l’histoire récente du pays, notamment avec la guerre civile qui a dévasté le pays entre 2013 et 2018. Ce conflit a fait près de 400 000 morts et déplacé des millions de personnes. Bien qu’un accord de paix ait été signé en 2018, la mise en œuvre de cet accord, en particulier la création d’une armée unifiée, n’a pas été pleinement réalisée, et les tensions politiques continuent de marquer la vie du pays.
Les arrestations successives et l’escalade des tensions
L’arrestation de M. Chol s’inscrit dans une série de mesures de répression visant les alliés de Machar. Le général Gabriel Duop Lam, un autre proche de M. Machar et numéro deux de l’armée régulière, a été arrêté la veille. Selon des sources proches de l’opposition, la maison de M. Machar a également été encerclée par les forces fidèles au président Kiir. La détérioration de la situation sécuritaire, particulièrement dans l’État du Haut-Nil, dans le nord-est du pays, suscite de vives inquiétudes auprès des observateurs internationaux.
Les réactions internationales et la crainte d’une violence généralisée
Fin février 2025, plusieurs organisations internationales, dont la Mission de l’Union africaine au Soudan du Sud (MUASS), l’Autorité intergouvernementale sur le développement (Igad) et la Mission des Nations unies au Soudan du Sud (Minuss), ont exprimé de fortes préoccupations concernant la dégradation de la situation sécuritaire dans le pays. Dans un communiqué, ces organisations ont appelé à une désescalade des tensions pour éviter le risque de « violence généralisée », notamment dans le nord du pays. Le climat politique et militaire instable menace la fragile paix établie par l’accord de 2018, et les arrestations récentes risquent d’aggraver la situation.