Quarante-sept étudiants ougandais, issus de l’université Kyambogo à Kampala, sont arrêtés lors d’une marche pacifique destinée à remettre une pétition au Parlement contre le projet pétrolier East African Crude Oil Pipeline (EACOP), piloté par TotalEnergies. Cette manifestation, organisée en réponse aux préoccupations croissantes concernant l’impact environnemental du projet, s’est soldée par l’intervention de la police, qui a arrêté les militants avant qu’ils n’atteignent leur destination. Deux des étudiants ont été inculpés pour incitation à la violence, selon les autorités locales.
Le projet EACOP, d’une envergure internationale, prévoit la construction d’un oléoduc de 1 443 kilomètres reliant les gisements de pétrole du lac Albert, situé à la frontière entre l’Ouganda et la République Démocratique du Congo, à la côte tanzanienne sur l’océan Indien. Ce projet, dont le coût est estimé à 10 milliards de dollars, est mené en collaboration avec la China National Offshore Oil Corporation (CNOOC) et le gouvernement tanzanien.
Un projet stratégique mais controversé
Le gouvernement ougandais, sous la direction du président Yoweri Museveni, présente le projet EACOP comme un élément clé du développement économique du pays. L’exploitation des 6,5 milliards de barils de pétrole brut estimés dans le sous-sol du lac Albert est vue comme une opportunité unique pour transformer l’économie de l’Ouganda, générer des revenus substantiels et améliorer les infrastructures nationales.
Toutefois, le projet fait face à une opposition vigoureuse, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Les organisations de protection de l’environnement dénoncent les risques élevés pour les écosystèmes locaux, notamment au sein du parc naturel des Murchison Falls, où 419 puits doivent être forés. Ce parc, une des plus importantes réserves de biodiversité d’Ouganda, pourrait subir des dommages irréversibles, affectant non seulement la faune et la flore, mais aussi les communautés locales qui dépendent de ces ressources naturelles.
Pressions internationales et impact environnemental
L’opposition au projet EACOP ne se limite pas aux militants locaux. À l’international, plusieurs ONG et organisations de défense des droits de l’homme expriment leur inquiétude quant aux conséquences environnementales et sociales de l’oléoduc. Elles soulignent également les contradictions entre un tel projet et les engagements mondiaux en matière de réduction des émissions de carbone et de transition énergétique. Dans ce contexte, la pression internationale s’intensifie pour que les acteurs impliqués reconsidèrent la viabilité et l’éthique d’un tel projet.
Alors que l’Ouganda et la Tanzanie poursuivent leurs plans de développement des infrastructures pétrolières, la question de l’impact à long terme sur l’environnement et les populations locales reste centrale. Les récentes arrestations de militants montrent que les tensions ne font que croître, mettant en lumière la complexité des enjeux liés à l’exploitation des ressources naturelles dans des pays en développement.