La nouvelle offre publique d’Aramco s’inscrit dans la stratégie du prince Mohammed ben Salmane pour financer les réformes économiques ambitieuses du royaume.
Contexte et Objectifs de l’Offre Publique
L’Arabie Saoudite, sous l’impulsion de son prince héritier Mohammed ben Salmane, poursuit une stratégie audacieuse pour transformer son économie dépendante du pétrole. La nouvelle offre publique de 1,5 milliard d’actions d’Aramco, prévue pour lever jusqu’à 12 milliards de dollars, est une initiative clé dans ce cadre. Cette opération fait partie du programme Vision 2030, qui vise à diversifier l’économie saoudienne et à réduire sa dépendance au pétrole. De plus, Riyad investit beaucoup le domaine des énergies renouvelables, comme d’autres pays de la péninsule arabique.
Les fonds levés devraient aider à financer des projets pharaoniques tels que Neom, une mégapole futuriste évaluée à 500 milliards de dollars. Cependant, de nombreux analystes restent sceptiques quant à la faisabilité de ces projets ambitieux. Selon Robert Mogielnicki de l’Arab Gulf States Institute à Washington, les investissements attendus sont plus un « coup de pouce budgétaire » qu’une solution à long terme pour les besoins de financement du pays.
Défis et Retards dans les Projets Vision 2030
Les projets de réforme de l’Arabie Saoudite ont connu des retards et des révisions. En 2019, seulement 1,5% des actions d’Aramco ont été introduites à la bourse saoudienne, générant 25,6 milliards de dollars, loin des objectifs initiaux. La transparence et la réticence à vendre des ressources nationales à des investisseurs étrangers ont freiné l’élan initial. De plus, les efforts pour attirer des investissements directs étrangers n’ont pas eu le succès escompté, restant en deçà de l’objectif de 5,7% du PIB prévu par Vision 2030.
Ellen Wald, auteur d’un livre sur Aramco, souligne que les investissements étrangers dans des projets non liés à l’énergie en Arabie Saoudite sont principalement motivés par des subventions gouvernementales. Le fonds souverain du royaume continue de chercher des fonds, et Aramco reste une source de financement fiable en raison de sa rentabilité exceptionnelle.
Perspectives et Progrès des Projets Futuristes
Malgré les défis, certains projets de Vision 2030 progressent. Le projet Red Sea Global, par exemple, a inauguré deux complexes balnéaires l’année dernière, avec 14 autres hôtels prévus d’ici fin 2025. Cependant, les objectifs initiaux de certains projets, comme Neom, ont été revus à la baisse. Des sources médiatiques rapportent que les ambitions en termes de taille et de population ont été réduites, bien que les autorités n’aient pas confirmé ces informations.
Jim Krane, de l’Université de Houston, estime que les retards étaient prévisibles étant donné l’ampleur des « giga-projets ». Il ajoute que la production de pétrole à bas coût par Aramco reste un atout majeur pour le royaume, permettant de soutenir financièrement ces projets à long terme.
L’analyste saoudien Mohammed ben Saleh offre une perspective plus optimiste, affirmant que la croissance du PIB non pétrolier de 4,6% en 2023 démontre que Vision 2030 est « sur la bonne voie ». Il reconnaît cependant que la transformation nationale est un processus à long terme, nécessitant une patience et des investissements continus.
Alors que l’Arabie Saoudite se prépare à accueillir des événements mondiaux comme l’exposition universelle de 2030 et la Coupe du monde de football de 2034, des ventes supplémentaires d’actions d’Aramco pourraient être envisagées pour financer ces initiatives. Les analystes s’accordent à dire que la demande pour ces actions restera élevée, grâce à la stabilité et la rentabilité de la compagnie pétrolière.