Saudi Aramco a abaissé le prix officiel de vente (Official Selling Price – OSP) de son brut Arab Light destiné à l’Asie pour les livraisons de décembre, le fixant à 1,00 $/baril au-dessus du panier Oman/Dubai. Ce niveau marque une réduction de 1,20 $/baril par rapport à novembre, atteignant son seuil le plus bas depuis près d’un an. Cette décision vise à refléter l’affaiblissement des différentiels de brut moyen-orientaux et à maintenir la compétitivité face aux barils indexés sur le Brent.
Effets du spread Brent-Dubai et arbitrages des raffineurs
Depuis plusieurs mois, le différentiel EFS (Exchange of Futures for Swaps) entre le Brent et le Dubai est négatif, atteignant jusqu’à –0,26 $/baril. Ce déséquilibre renforce la compétitivité des bruts Brent-linked tels que ceux d’Afrique de l’Ouest ou d’Amérique latine sur le marché asiatique. En réponse, l’ajustement d’Aramco neutralise cet avantage sans altérer la valeur qualitative de ses grades. La prime cash Dubai, également en recul à environ 1,12 $/baril début novembre, souligne une baisse de tension sur l’offre régionale.
Risque de sanctions sur le brut russe et positionnement saoudien
Les sanctions prévues par les États-Unis en 2025 contre certains producteurs russes augmentent l’incertitude sur les flux énergétiques vers la Chine et l’Inde. Ces pays pourraient réduire leurs importations russes pour rester en conformité, créant une opportunité pour Riyad de capter une demande de substitution. Saudi Aramco bénéficie d’une logistique robuste et de contrats stables, ce qui lui permet de répondre rapidement sans modifier fondamentalement sa stratégie de prix.
Stratégie de stabilisation plutôt qu’offensive tarifaire
Contrairement à une logique de conquête de parts de marché, la baisse de l’OSP s’inscrit dans une stratégie de pricing fondée sur les fondamentaux du marché. Les marges de raffinage, la structure des différentiels (cash Dubai, EFS Brent-Dubai) et les contraintes logistiques sont les principaux déterminants de cet ajustement. L’objectif est de garantir la stabilité des nominations dans un contexte incertain, tout en préservant l’équilibre entre compétitivité et discipline tarifaire au sein de l’OPEP+.
Implications sur les flux asiatiques et arbitrages logistiques
Les raffineurs asiatiques, notamment en Chine, Inde, Corée et Japon, continueront de comparer les offres Dubai-linked face aux Brent-linked, en prenant en compte les contraintes opérationnelles telles que les rendements gasoil/naphtha ou les exigences en hydrogène pour la désulfuration. Si les taux de fret VLCC (Very Large Crude Carrier) restent élevés, la proximité géographique du Moyen-Orient continue de conférer un avantage comparatif au brut saoudien.
Perspectives à court terme et surveillance du marché
La trajectoire du spread Brent-Dubai restera un indicateur clé pour d’éventuelles décisions futures. Une nouvelle contraction du cash Dubai en dessous de 1,00 $/baril pourrait justifier un ajustement supplémentaire de l’OSP pour janvier. Par ailleurs, les évolutions du calendrier de mise en conformité des importateurs asiatiques avec les sanctions américaines sur le brut russe pourraient rapidement influencer les flux et les allocations.