Le gestionnaire d’actifs Antin Infrastructure Partners prévoit de céder Idex début 2026, dans le cadre d’une opération qui pourrait valoriser l’entreprise entre €3 et €4 Md, soit entre $3,27bn et $4,36bn. L’actif suscite l’intérêt de J.P. Morgan Asset Management, Blackstone, TPG Capital et Canada Pension Plan Investment Board (CPPIB), en raison de son exposition directe à la chaleur urbaine bas-carbone et de son positionnement sur un segment réglementé à flux prévisibles.
Un actif consolidé par Antin depuis 2018
Antin avait acquis Idex en 2018 pour une valeur estimée entre €1 et €1,5 Md. En 2024, Idex affiche un chiffre d’affaires de €2,16 Md, un excédent brut d’exploitation (EBITDA) de €180 M et environ €287 M de dépenses annuelles d’investissement. Le groupe opère 41 réseaux de chaleur, 13 unités de valorisation énergétique des déchets, et détient des contrats multi-sites dans les secteurs public et privé, notamment auprès de collectivités et bailleurs sociaux.
Profils d’acquéreurs aux stratégies différenciées
J.P. Morgan Asset Management cible des actifs “core+” aux flux indexés sur l’inflation. Blackstone pourrait structurer Idex comme plateforme pour une consolidation paneuropéenne. TPG adopterait une stratégie plus dynamique en redéployant du capital vers des segments à plus forte croissance ou à plus haut risque. CPPIB, en tant qu’investisseur institutionnel de long terme, viserait une stabilité de rendement sur un horizon étendu avec un levier financier plus modéré.
Filtrage réglementaire en France
Les actifs d’Idex sont susceptibles de relever du régime de contrôle des investissements étrangers en France, en raison de leur caractère stratégique dans la fourniture de chaleur à des zones urbaines denses. Un acquéreur non européen devra obtenir l’autorisation préalable des autorités, qui peuvent imposer des conditions sur la gouvernance, la localisation de fonctions critiques ou les engagements de continuité de service.
Signal stratégique pour le secteur
Le prix final de la transaction servira de référence pour la valorisation d’autres opérateurs européens. Un multiple supérieur à 18x l’EBITDA renforcerait la perception des réseaux de chaleur comme actifs “quasi-obligataires”. Cela pourrait rehausser les exigences financières des collectivités dans leurs prochaines délégations de service public, notamment en matière d’investissements environnementaux.
Implications pour Idex et ses partenaires publics
Selon le profil du futur actionnaire, la stratégie d’investissement pourrait être recentrée sur des projets à plus forte rentabilité, au détriment de certaines extensions à faible marge. Pour les villes et bailleurs, cela modifierait l’équilibre économique des concessions existantes. Un changement de contrôle impliquera également une redéfinition de la gouvernance, avec des implications sur la politique de dividendes, la sélection de projets et la gestion opérationnelle.
Acceptabilité politique et enjeu de souveraineté
Le transfert d’un acteur français à un fonds étranger sur une infrastructure locale critique pourrait susciter des interrogations sur la souveraineté énergétique. La capacité à maintenir les centres de décision en France, à garantir la stabilité tarifaire et à respecter les engagements environnementaux sera déterminante pour l’acceptabilité institutionnelle du repreneur.