L’analyse de Wood Mackenzie sur la transition énergétique américaine souligne les implications de la présidence Trump, marquée par des politiques protectionnistes et une dérégulation des normes environnementales. Le retour des États-Unis sur des politiques favorisant les combustibles fossiles, ainsi qu’une possible sortie de l’Accord de Paris, pourrait freiner les progrès vers les objectifs de neutralité carbone.
Cependant, les investissements massifs, soutenus par l’Inflation Reduction Act (IRA), continueront de soutenir la croissance des énergies renouvelables et des technologies à faible émission de carbone. Depuis son adoption, l’IRA a généré plus de 220 milliards de dollars d’investissements, principalement dans des États républicains, renforçant le rôle de ces territoires dans la transition énergétique.
Inflation Reduction Act : entre réformes et résilience
Si le président Trump envisage des modifications de l’IRA, une abrogation complète semble peu probable. Les crédits pour la fabrication avancée, essentiels pour le développement de l’énergie solaire, et les investissements dans les énergies renouvelables sont fortement soutenus par des intérêts bipartisans. Malgré les incertitudes politiques, Wood Mackenzie prévoit une croissance de 243 GW de capacité renouvelable entre 2024 et 2030, même dans un scénario de transition retardée.
Le secteur technologique, avec ses besoins énergétiques croissants, pourrait bénéficier des réformes d’autorisation promues par l’administration Trump. Depuis 2023, plus de 51 GW de nouveaux centres de données ont été annoncés. Ces projets, concentrés dans les États républicains, seraient renforcés par des crédits manufacturiers stables et une infrastructure énergétique accrue.
Secteurs clés : solaire, éolien et stockage
Solaire :
La demande pour l’énergie solaire aux États-Unis demeure robuste. Le pipeline de projets utilitaires atteint presque 100 GWdc, tandis que la demande des particuliers et des entreprises pour des projets distribués continue de croître. Cependant, des défis liés à la connexion au réseau et aux infrastructures de transmission limitent la croissance immédiate. Wood Mackenzie estime une augmentation annuelle moyenne de 5 % entre 2028 et 2031, atteignant 50 GWdc par an.
Éolien :
Les projets éoliens offshore et onshore restent exposés aux décisions politiques. Wood Mackenzie note qu’une réduction des crédits fiscaux pour le contenu domestique pourrait retarder les investissements dans la chaîne d’approvisionnement offshore. Actuellement, environ 25 GW de projets offshore sont à un stade avancé ou autorisés. Néanmoins, les perspectives à long terme pourraient diminuer de 30 % si l’administration Trump n’émet pas de directives sur les incitations fiscales.
Stockage énergétique :
Le secteur du stockage énergétique, essentiel pour équilibrer un réseau électrique de plus en plus décarboné, est également sensible aux réformes politiques. Les crédits d’impôt pour les projets de stockage autonomes sont critiques. Leur retrait potentiel constituerait une menace importante pour ce segment en pleine croissance.
Gaz naturel, nucléaire et technologies émergentes
Gaz naturel :
La dérégulation de l’Environmental Protection Agency (EPA) devrait soutenir la demande en gaz naturel. Les besoins croissants des centres de données et des installations manufacturières nécessiteront des investissements significatifs dans de nouvelles infrastructures. Wood Mackenzie prévoit une augmentation de la production annuelle moyenne atteignant 13,6 millions de barils par jour d’ici 2025.
Nucléaire :
Les petits réacteurs modulaires (SMR) bénéficieront d’un soutien continu, considérés comme un levier de l’indépendance énergétique et de la compétitivité technologique des États-Unis. Les estimations varient entre 14 et 27 GW de capacité nucléaire installée d’ici 2050, selon les scénarios étudiés.
Technologies émergentes :
La capture et le stockage du carbone (CCUS) et l’hydrogène bas-carbone restent des piliers pour la décarbonation. Le crédit 45Q pour le CCUS bénéficie d’un soutien bipartisan, ce qui protège ces investissements des perturbations politiques. Néanmoins, l’incertitude autour des orientations pour l’hydrogène ralentit temporairement les projets, en dépit de l’attractivité globale des incitations américaines.
Protectionnisme et ses effets sur le marché mondial
L’administration Trump prévoit une augmentation des tarifs douaniers, avec des taxes pouvant atteindre 10 % sur les importations globales et 60 % pour les produits chinois. Cette stratégie vise à relocaliser la production industrielle, mais risque de peser sur les consommateurs et entreprises américains, générant des coûts supplémentaires estimés à 450 milliards de dollars en 2025. Par ailleurs, cette montée du protectionnisme pourrait intensifier la concurrence internationale pour le gaz naturel liquéfié (GNL) et les métaux stratégiques.
Perspectives globales pour le secteur énergétique
Malgré les changements politiques, Wood Mackenzie souligne que la dynamique des marchés, les investissements privés et les objectifs climatiques des entreprises continueront de structurer l’avenir énergétique des États-Unis. Les énergies renouvelables, bien que confrontées à des incertitudes, resteront compétitives grâce à des coûts en baisse et à une forte demande.