La fin imminente de l’Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique (Arenh), prévue au 31 décembre 2025, suscite de fortes préoccupations pour les industriels français. Parmi eux, Aluminium Dunkerque, le plus grand consommateur d’électricité en France, a exprimé son besoin urgent de garanties tarifaires pour rester compétitif sur le marché mondial.
Un enjeu stratégique pour l’industrie
Le dispositif Arenh permettait aux gros consommateurs d’électricité d’accéder à un tarif préférentiel de 42 euros par mégawattheure (MWh). Ce système, jugé vital par les industriels, sera remplacé par des contrats de long terme proposés par EDF, établis sur la base d’un tarif moyen national de 70 euros le MWh, selon l’accord signé entre l’État et EDF en novembre 2023.
« Nous avons besoin de visibilité et de prix compétitifs pour rester performants sur un marché mondial où les prix de l’aluminium sont fixés par la Bourse des Métaux de Londres », a déclaré Guillaume de Goÿs, PDG d’Aluminium Dunkerque. L’électricité représente le deuxième poste de coût pour l’usine, derrière l’alumine.
Des contrats encore insuffisants
Dans ce contexte, Aluminium Dunkerque a conclu un contrat temporaire avec Engie pour une partie de son approvisionnement entre 2026 et 2029. Mais cette solution ne résout pas les défis à long terme. Les industriels français dénoncent un tarif de 70 euros/MWh qui reste trop élevé comparé à d’autres régions du monde.
« Nos concurrents, notamment au Moyen-Orient et en Norvège, bénéficient d’électricité à des coûts bien inférieurs », a souligné Guillaume de Goÿs. Au Moyen-Orient, le tarif atteint parfois moins de 20 dollars/MWh grâce à une production basée sur le gaz, tandis qu’en Norvège, les prix de marché sont inférieurs de 20 à 30 euros par rapport à ceux en France.
Un défi pour la transition énergétique
Outre les enjeux de compétitivité, la question des coûts énergétiques joue un rôle central dans la capacité des industriels à investir dans la décarbonation. « Nous avons besoin de conditions tarifaires qui nous permettent de mener nos projets de décarbonation tout en restant compétitifs », a déclaré Guillaume de Goÿs.
Alors que le marché de l’aluminium continue de croître, soutenu par la demande dans les secteurs de la transition énergétique et de l’allègement des véhicules, la France devra ajuster sa politique énergétique pour éviter de freiner le développement de ces industries stratégiques. Sans des ajustements significatifs, les risques de délocalisation et de désindustrialisation pourraient peser lourdement sur l’économie nationale.