En Allemagne, une fondation reçoit le soutien d’un Land et de l’entreprise Gazprom. Elle vise à éviter les sanctions américaines contre Nord Stream 2.
Gazprom investit dans la fondation allemande.
En Allemagne, la première ministre, Manuela Schwesig, du Land de Mecklembourg Poméranie Occidentale a créé une fondation en 2021. L’objectif affiché de cette dernière est la protection du climat et de l’environnement. Elle souhaite renforcer les énergies renouvelables et le gaz comme technologie de transition vers des carburants propres.
Nord Stream 2 participe à des projets au service de la population. Le gazoduc finance un arbre gratuit à planter pour chaque jardin d’enfants et offre une prime de €500. Il sensibilise aux enjeux climatiques et accorde également des bourses scolaires.
Le gouvernement du Land finance à hauteur de €200.000 cette fondation. €20 millions supplémentaires proviennent d’une société installée en Suisse, appartenant à Gazprom. S’ajoute à cela €2 millions complémentaires, attribués chaque année par Nord Stream 2. Par ailleurs, la totalité des bénéfices commerciaux servira, également, de dotation.
Un contexte de sanctions.
La création intervient au moment où Washington impose des sanctions, depuis 2019, aux personnes liées au projet de gazoduc. Selon les Etats-Unis, cette infrastructure permettra à la Russie de contourner l’Ukraine en cas de conflit. Les livraisons transitent traditionnellement via l’Ukraine.
Selon Washington, Nord Stream 2 entraînera un affaiblissement de l’Ukraine. Pour Berlin, il s’agit uniquement d’un projet commercial visant à diversifier les livraisons énergétiques en Europe. Selon Moscou, ce projet commercial et non politique permet de faire baisser le prix du gaz sur le continent.
Le Kremlin dénonce les sanctions, affirmant qu’elles servent les intérêts de ses concurrents. La chancellerie allemande estime que Washington souhaite vendre plus de gaz à l’Allemagne. Toutefois, le gazoduc est achevé depuis le mois de décembre 2021.
Des soutiens politiques allemands.
La première ministre du Land Mecklembourg Poméranie Occidentale réclame l’appui du gouvernement fédéral. Le chancelier Olaf Scholz perçoit les sanctions américaines comme une ingérence dans les décisions allemandes. Gerhard Schröder dirige, depuis 2005, le comité des actionnaires de Nord Stream 2.
L’ancien chancelier siège également au conseil d’administration de Rosneft. Enfin, depuis février 2022, il est membre du conseil d’administration de Gazprom. Le SPD, parti social-démocrate allemand, milite traditionnellement en faveur d’un rapprochement avec la Russie.
Le gaz naturel russe représente la moitié des besoins en gaz de l’Allemagne. Il représente également plus de 15% de la production d’électricité du pays en 2021. Il est essentiel pour les industries manufacturières comme la céramique.
Une volonté d’apaisement.
Washington ne souhaite pas sanctionner le propriétaire du navire Blue Ship, qui a procédé à la pose des conduites de Nord Stream 2. Afin d’apaiser les tensions avec l’Allemagne, l’administration Biden a levé une partie des sanctions prises par l’administration Trump.
Au niveau régional, la construction du gazoduc emploie de nombreux travailleurs. La capacité éolienne de la Baltique pourrait, à l’avenir, permettre la production d’hydrogène vert. Nord Stream 2 deviendrait alors le support logistique de ces exportations malgré les contestations des écologistes allemands.
Enfin, selon le président de la fondation, la crise ukrainienne est un prétexte pour les personnes opposées au gazoduc Nord Stream 2.