Les interruptions d’électricité verte en Allemagne cet hiver soulèvent de nouvelles questions sur la stratégie énergétique du gouvernement Scholz. Deux pannes majeures, en novembre et décembre, ont provoqué une hausse sans précédent des prix sur le marché, atteignant 936 euros par mégawattheure (MWh) le 12 décembre.
Ces épisodes ont été causés par un manque de vent et de soleil, mettant à l’arrêt les infrastructures éoliennes et solaires. Les entreprises fortement consommatrices d’énergie, notamment celles opérant sur le marché en temps réel, ont dû limiter ou suspendre leur production pour faire face à la flambée des coûts.
Une dépendance accrue aux importations
Pour compenser la baisse de production domestique, l’Allemagne a importé de grandes quantités d’électricité, impactant les prix de ses voisins, notamment la Suède. Cette dépendance énergétique a ravivé les critiques sur la viabilité de la politique énergétique nationale et ses effets sur l’économie européenne.
Le gouvernement d’Olaf Scholz a tenté de défendre son bilan en soulignant que les énergies renouvelables représentaient 60 % de la production électrique en 2024. Il a également rappelé que des périodes de surproduction permettent souvent d’exporter de l’électricité à bas coût. Cependant, ces arguments peinent à convaincre face à l’instabilité croissante du réseau.
Des infrastructures insuffisantes et des lenteurs administratives
La transition énergétique allemande repose sur un développement accéléré des capacités de stockage et la construction de centrales à gaz convertibles à l’hydrogène. Pourtant, ces projets progressent à un rythme trop lent. Les experts mettent en avant les obstacles bureaucratiques, comme le délai moyen de sept ans pour construire une éolienne, contre seulement sept mois pour un terminal de gaz naturel liquéfié.
L’abandon récent d’un projet de loi clé sur les centrales à gaz, conséquence directe de la chute de la coalition menée par Scholz, aggrave les incertitudes. Cette situation a suscité de vives réactions dans les milieux industriels, où la compétitivité énergétique de l’Allemagne est désormais perçue comme menacée.
Un débat politique au cœur des législatives
Avec les élections législatives de février en ligne de mire, l’opposition conservatrice menée par Friedrich Merz critique la gestion énergétique du gouvernement. Selon eux, la politique actuelle met en péril non seulement la stabilité énergétique nationale, mais aussi l’économie européenne.
Markus Krebber, PDG de RWE, principal producteur d’électricité en Allemagne, a alerté sur la fragilité du système. Selon lui, des demandes énergétiques plus élevées, typiques de janvier, auraient pu rendre les récentes pannes impossibles à gérer.
La politique énergétique d’Olaf Scholz est désormais au centre du débat électoral, et son avenir pourrait déterminer les orientations stratégiques du pays en matière de transition énergétique.