L’Allemagne, pionnière en matière d’énergies renouvelables, prévoit une transformation radicale de son régime de subventions. Le gouvernement de coalition propose de remplacer les prix garantis par des subventions uniques couvrant les coûts d’investissement pour les producteurs d’énergie. Cette réforme vise à rendre l’industrie des énergies renouvelables moins dépendante des aides gouvernementales et plus intégrée au marché libre.
Actuellement, le système de subventions allemand, introduit il y a 24 ans, offre des prix garantis sur 20 ans pour l’énergie solaire, éolienne et biogaz injectée dans le réseau. Ce modèle a facilité les décisions d’investissement et l’obtention de prêts avantageux, contribuant ainsi à l’expansion rapide des énergies renouvelables en Allemagne. Berlin vise à couvrir 80 % de ses besoins en électricité avec des énergies renouvelables d’ici 2030.
Réactions et Perspectives du Secteur
Les nouvelles réformes, bien que n’ayant pas encore de calendrier précis, font partie de l’objectif gouvernemental de développer les énergies renouvelables sans subventions à long terme. Cependant, ce changement suscite des inquiétudes. Les producteurs devront vendre leur électricité en se basant sur leurs propres calculs de marché, assumant ainsi des risques financiers accrus.
La réforme a été vivement critiquée par le FDP (Freie Demokratische Partei), un partenaire de la coalition, qui considère que les subventions de 20 ans ne sont plus justifiées. « Ce passage aux subventions pour les coûts d’investissement est une véritable révolution en matière de politique énergétique », a déclaré Lukas Koehler, chef adjoint du groupe parlementaire FDP.
Défis et Incertitudes du Marché
Selon des données préliminaires de la BDEW (Bundesverband der Energie- und Wasserwirtschaft) et du Centre de Recherche sur l’Énergie Solaire et l’Hydrogène (ZSW), la couverture des besoins en électricité par les sources renouvelables a atteint 58 % au premier semestre de l’année. Cependant, des voix s’élèvent contre cette réforme. Simone Peter, présidente de la BEE (Bundesverband Erneuerbare Energie), a exprimé des préoccupations concernant l’incertitude du marché et la réticence à investir que cette transition pourrait engendrer.
Robert Habeck, ministre de l’Économie, a indiqué que le gouvernement testerait divers modèles pour ce changement de subventions. « Le passage radical aux subventions pour les coûts d’investissement risque de créer de l’incertitude sur le marché et de freiner les investissements, ce qui pourrait compromettre gravement les objectifs ambitieux d’expansion », a averti Peter.
L’Allemagne continue de naviguer dans un paysage énergétique en pleine évolution, cherchant à concilier développement durable et intégration complète des énergies renouvelables dans le marché. Cette réforme des subventions marque une étape cruciale vers une indépendance énergétique accrue, mais non sans défis et résistances.