Algérie: Tebboune réélu, renforce sa stratégie énergétique entre l’Europe et la Russie

Réélu avec 95 % des voix, Abdelmadjid Tebboune renforce ses alliances stratégiques avec la Russie et l’Italie et accélère les investissements dans le gaz, le nucléaire, et les énergies renouvelables. Mais cette approche soulève des questions sur la durabilité économique et les risques de dépendance.

Partager:

Toute l'actualité de l'énergie en continu

Abonnement annuel

8.25€/mois*

*facturé annuellement à 99 € la première année, puis 149€/an

Accès illimité • Archives incluses • Facture pro

AUTRES ACCES

Abonnement mensuel

Accès illimité • Archives incluses pendant 1 mois

5.2€/mois*
puis 14.90€ les mois suivant

COMPTE GRATUIT​

3 articles offerts par mois

GRATUIT

*Les prix affichés sont entendus HT, TVA variable en fonction de votre localité ou de votre statut professionnel

Depuis 2021 : 35 000 articles • +150 analyses/sem.

Abdelmadjid Tebboune a été réélu président de l’Algérie avec une majorité de 95 % des voix lors des élections de 2024, avec un taux de participation de 48 %, en hausse par rapport aux 39,83 % de 2019. Ce faible taux de participation, bien qu’amélioré, indique une désaffection persistante du corps électoral et suscite des interrogations sur la légitimité du mandat. Tebboune s’engage à poursuivre sa stratégie énergétique centrée sur les hydrocarbures tout en investissant dans le nucléaire et les énergies renouvelables. Cependant, ces orientations stratégiques, bien que nécessaires, présentent des défis économiques et géopolitiques.

Focus sur les Hydrocarbures : Avantages et Limites

Les hydrocarbures restent au cœur de la stratégie économique de Tebboune, représentant 95 % des recettes en devises de l’Algérie et environ 60 % du budget national. En 2023, l’Algérie a produit 100 milliards de mètres cubes de gaz naturel et prévoit d’atteindre 110 milliards de mètres cubes d’ici 2025 grâce à des investissements massifs dans l’exploration et la production, notamment avec Sonatrach, l’entreprise nationale des hydrocarbures. L’augmentation des exportations vers l’Europe, représentant environ 30 % des besoins européens en gaz naturel, a profité de la perturbation des marchés énergétiques après l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Cependant, cette dépendance aux hydrocarbures expose l’Algérie aux fluctuations des prix mondiaux. L’évolution vers une décarbonation de l’économie en Europe pourrait également réduire la demande à moyen et long terme, mettant en péril les prévisions économiques de l’Algérie. Le risque de surproduction de gaz est bien réel si la demande mondiale ne suit pas les augmentations de capacité prévues.

Partenariats Stratégique avec la Russie : Opportunités et Dépendance

Le partenariat énergétique avec la Russie s’est intensifié sous la présidence de Tebboune. En juin 2023, une déclaration de « partenariat stratégique profond » a été signée entre Tebboune et Vladimir Poutine, visant à renforcer la coopération dans le secteur énergétique, en particulier le nucléaire. Rosatom, le géant russe du nucléaire, a signé un protocole d’accord avec l’Algérie pour le développement de réacteurs nucléaires de recherche et d’énergie, avec une feuille de route conjointe pour 2024-2025. Ces réacteurs, incluant les modèles VVER-1200 de troisième génération, sont prévus pour être conformes aux normes post-Fukushima, garantissant un niveau élevé de sécurité.
Bien que ces accords puissent offrir des avantages technologiques et économiques à court terme, ils créent également une dépendance accrue vis-à-vis de la Russie. Compte tenu des sanctions internationales et des tensions géopolitiques, cette dépendance pourrait limiter la flexibilité stratégique de l’Algérie et la rendre vulnérable aux dynamiques de pouvoir régionales.

Coopération avec l’Italie et Modernisation des Infrastructures de Gaz

L’Algérie a également consolidé ses relations avec l’Italie, un autre acteur clé du secteur énergétique. En 2024, Sonatrach a signé plusieurs accords avec ENI pour l’exploration et l’augmentation de la production de gaz naturel. Ces accords comprennent des projets de modernisation des pipelines et de développement de nouveaux gisements, avec un accent sur l’amélioration des infrastructures existantes pour sécuriser l’approvisionnement énergétique de l’Europe. Le développement des capacités de production vise à répondre aux besoins immédiats du marché européen, en proie à une crise énergétique suite à la guerre en Ukraine.
Cependant, le coût de ces projets est substantiel. La modernisation et l’extension des pipelines, en plus des coûts d’exploration, représentent un engagement financier considérable dont les retours dépendent fortement des prix du marché du gaz naturel et de la demande européenne.

Accélération des Investissements Solaires : Un Défi Ambitieux

Pour diversifier son mix énergétique, l’Algérie s’est engagée à développer significativement ses capacités en énergies renouvelables. En 2024, Sonelgaz, la société d’État de distribution d’électricité et de gaz, a attribué 19 contrats pour la construction de 20 centrales solaires d’une capacité totale de 3 GW. Ces projets comprennent un programme de 2 GW avec 15 centrales et un autre de 1 GW pour 5 centrales supplémentaires. D’ici 2035, l’Algérie vise une capacité de 15 000 MW d’énergies renouvelables, soit 37 % de sa capacité installée et 27 % de sa consommation nationale d’électricité à partir de sources renouvelables d’ici 2030.
Cependant, malgré ces objectifs ambitieux, la capacité actuelle installée n’est que de 423 MW, révélant un écart énorme à combler. Les coûts de développement des projets solaires sont estimés à plusieurs milliards de dollars, nécessitant des investissements étrangers massifs et des réformes pour attirer des capitaux. Le financement reste un obstacle majeur, tout comme la nécessité d’un cadre réglementaire stable et transparent.

Objectifs pour la COP 29 : Réductions des Émissions et Opportunités de Financement

Dans le cadre de la COP 29, l’Algérie a réaffirmé son engagement à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 7 % d’ici 2030 par rapport à un scénario de statu quo, avec une ambition d’atteindre 22 % avec un soutien international en termes de financement et de transfert de technologies. Ce plan comprend le développement d’un cadre national pour attirer les producteurs indépendants d’énergie et la promotion des projets à grande échelle de production d’énergie renouvelable. L’atteinte de ces objectifs nécessitera non seulement une coordination nationale mais également des partenariats internationaux solides pour le financement et le partage de technologies.

Analyse Critique : Un Modèle Économique Durable ?

La réélection de Tebboune et la poursuite de sa stratégie énergétique posent plusieurs questions critiques sur la durabilité économique de l’Algérie. Alors que les hydrocarbures fournissent un socle économique vital, la dépendance excessive à ces revenus expose le pays à des chocs externes et à des fluctuations imprévisibles du marché. De plus, l’accent mis sur le partenariat avec la Russie, bien qu’il puisse être bénéfique à court terme, crée des risques à long terme, surtout en période de sanctions économiques et de tensions géopolitiques.
Les objectifs ambitieux en matière d’énergies renouvelables sont nécessaires pour diversifier le mix énergétique de l’Algérie, mais ils nécessitent des réformes structurelles profondes et un cadre d’investissement transparent pour réussir. Sans ces changements, le pays risque de manquer l’opportunité de tirer parti de la transition énergétique mondiale.
Le second mandat de Tebboune sera déterminant pour l’avenir énergétique de l’Algérie. En maintenant des partenariats stratégiques avec la Russie et l’Italie et en investissant dans les énergies renouvelables, l’Algérie tente de naviguer entre stabilité économique et adaptation aux nouvelles réalités énergétiques mondiales. Cependant, pour que ces efforts soient couronnés de succès, des réformes internes substantielles et une vision claire à long terme seront cruciales pour éviter les pièges de la dépendance et pour garantir une croissance durable.

Panne géante en République dominicaine : 85 % du réseau toujours hors service

Un black-out majeur a paralysé l’approvisionnement électrique en République dominicaine, affectant les transports, le tourisme et les infrastructures dans tout le pays. Les autorités affirment que la reprise se fait progressivement malgré un impact étendu.

Le Vietnam renforce sa politique énergétique pour accélérer sa transition bas-carbone

Le Vietnam consolide son cadre réglementaire et financier pour décarboner son économie, structurer un marché carbone national et attirer des investissements étrangers dans sa stratégie énergétique à long terme.

La BERD injecte $40mn dans Infinity Power pour accélérer son expansion en Afrique

La Banque européenne pour la reconstruction et le développement renforce son engagement dans les renouvelables en Afrique, en soutenant l’expansion solaire et éolienne d’Infinity Power au-delà de l’Égypte.
en_1140991133540

Gavin Newsom tente de repositionner la Californie comme acteur autonome face au repli américain

Le gouverneur Gavin Newsom s’est rendu au sommet COP30 à Belém pour défendre la Californie comme partenaire stratégique, en s’écartant de la ligne fédérale et en misant sur le poids économique de son État.

Pékin ouvre les grands projets énergétiques aux capitaux privés pour relancer l’investissement

Les autorités chinoises autorisent une participation accrue des entreprises privées dans les projets énergétiques stratégiques, notamment le nucléaire, l’hydroélectricité et les réseaux de transmission, afin de redynamiser un investissement intérieur en perte de vitesse.

L’Afrique du Sud réforme ses règles pour accélérer les projets de transmission électrique

Un nouveau cadre réglementaire entre en vigueur pour structurer la planification, la passation de marchés et la gestion des infrastructures de transport d’électricité, visant à accroître la fiabilité du réseau et attirer les investissements privés.
en_1140101147540

L’Union africaine appelle à débloquer les financements d’adaptation avant la COP30

À la veille de la COP30, l’Union africaine dénonce le retard des flux financiers d’adaptation et rappelle la responsabilité historique des pays industrialisés dans l’équilibre climatique mondial.

L’efficacité énergétique mondiale ralentit à 1,8 % en 2025, loin de l’objectif de la COP28

La progression de l’efficacité énergétique mondiale reste en deçà des engagements pris à Dubaï, freinée par la demande industrielle et des politiques publiques insuffisamment adaptées aux innovations technologiques.

Les capacités renouvelables mondiales atteindront 793 GW en 2025 malgré des ambitions politiques insuffisantes

Les ajouts mondiaux en solaire et éolien atteindront un nouveau record en 2025, mais l’absence d’objectifs nationaux ambitieux crée une incertitude sur l’atteinte du triplement prévu d’ici 2030.
en_1140991132540

Séoul sous pression industrielle face à des objectifs climatiques jugés irréalistes

Les raffineurs sud-coréens alertent sur des objectifs de réduction d’émissions jugés excessifs, alors que le gouvernement envisage des coupes allant jusqu’à 60% par rapport aux niveaux de 2018.

Lula défend le financement de la transition énergétique par les revenus du pétrole

Avant la COP30 à Belém, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva assume un positionnement controversé en proposant de financer la transition énergétique avec les bénéfices de l’exploitation pétrolière au large de l’Amazonie.

La Chine pourrait atteindre son pic d’émissions de CO2 autour de 2028, selon des experts

Un groupe international de chercheurs anticipe désormais un pic des émissions chinoises d’ici 2028, malgré des signaux récents de ralentissement, renforçant l’incertitude sur le rythme de transition énergétique du pays.
en_1140661128540

La flambée des tarifs d’électricité en Syrie accentue la crise sociale et économique

La fin des subventions et la hausse spectaculaire des prix de l’électricité en Syrie aggravent la précarité et provoquent un mécontentement croissant, dans un pays en reconstruction après plus d’une décennie de guerre.

Le réchauffement climatique mondial se dirige vers 2,5°C malgré les engagements

Les trajectoires actuelles d’émissions placent la planète sur une courbe de réchauffement de 2,3°C à 2,5°C, selon les derniers calculs des Nations unies, à quelques jours de l’ouverture de la COP30 à Belem.

L’Australie offrira trois heures d’électricité gratuite par jour dès 2026

Le gouvernement australien prévoit d’introduire une offre d’électricité gratuite via le solaire dans plusieurs régions dès juillet 2026, afin d’optimiser la gestion du réseau électrique pendant les pics de production.
en_114041144540-2

L’Inde réforme son marché de l’énergie renouvelable pour assurer l’intégration et la fiabilité

L’Inde met en œuvre de nouvelles réformes pour intégrer efficacement les énergies renouvelables dans le réseau national, avec un focus sur les projets de stockage et l’amélioration des contrats.

La Chine réoriente sa politique énergétique avec un nouveau mécanisme de tarification après un boom de 264 GW en 2025

La Chine a ajouté un record de 264 GW en éolien et solaire au premier semestre 2025, mais l'introduction d'un mécanisme de tarification compétitif pour les projets futurs pourrait exercer des pressions sur les prix et affecter la rentabilité des développeurs.

L’État français active le contrôle IEF sur la cession d’Exaion à l’américain Mara

Le gouvernement a confirmé que la vente majoritaire d’Exaion par EDF au groupe Mara sera soumise à la procédure de contrôle des investissements étrangers, avec une réponse attendue d’ici fin décembre.
en_1140041125540-2

Le Brésil réduit ses émissions de 16,7 % en 2024 avant la COP30

À une semaine de la COP30, Brasilia annonce une chute inédite des émissions brutes de gaz à effet de serre, portée par la réduction de la déforestation et une dynamique sectorielle inégale, sur fond d’exploration pétrolière offshore controversée.

L’Angola connecte 20 000 habitations à l’électricité dans le cadre du projet de Catabola

Le projet d’électrification de Catabola, livré par Mitrelli, marque la première connexion au réseau national pour plusieurs communautés de la province de Bié.

Toute l'actualité de l'énergie en continu

Abonnement annuel

8.25€/mois*

*facturé annuellement à 99 € la première année, puis 149€/an

Accès illimité • Archives incluses • Facture pro

Abonnement mensuel​

Accès illimité • Archives incluses pendant 1 mois

5.2€/mois*
puis 14.90€ les mois suivant

*Les prix affichés sont entendus HT, TVA variable en fonction de votre localité ou de votre statut professionnel

Depuis 2021 : 30 000 articles • +150 analyses/sem.