La ministre de la Transition écologique et de l’Énergie, Agnès Pannier-Runacher, a exprimé des réserves mercredi concernant l’instauration d’une nouvelle taxe sur les centrales de production électriques. Cette mesure, potentiellement lucrative pour l’État avec des recettes estimées à 3 milliards d’euros, pourrait néanmoins entraîner une augmentation directe des factures énergétiques pour les consommateurs français.
Lors d’une interview sur BFMTV, Mme Pannier-Runacher a souligné les conséquences possibles de cette taxation. « Faire peser une taxe sur les énergéticiens, c’est prendre le risque qu’elle soit ensuite immédiatement reprise dans les factures des Français », a-t-elle déclaré. Cette perspective s’inscrit dans un contexte économique où les ménages ont déjà subi une hausse significative des coûts de l’énergie ces dernières années.
Impact économique et social de la taxe
La ministre a rappelé l’importance de la vigilance en matière de taxation énergétique, évoquant les propos tenus par le Premier ministre sur la nécessité de maîtriser l’augmentation des prix de l’énergie. « Les Français ont traversé trois ans de hausse des coûts de l’énergie. Nous sommes aujourd’hui à un moment où les marchés sont en train de revenir et ça doit finir par se voir dans la facture des Français », a-t-elle ajouté.
Cette taxe, proposée initialement par l’ancien ministre de l’Économie Bruno Le Maire, reste en discussion entre les acteurs du secteur électrique et le gouvernement. À ce jour, aucune annonce officielle n’a été faite concernant sa mise en œuvre. « Le budget n’est pas encore totalement arbitré. Donc, je vais rester prudente sur ces sujets-là », a précisé la ministre.
Réactions du secteur électrique
Le ministre de l’Économie, Antoine Armand, interrogé sur RTL, n’a pas confirmé pour l’instant le maintien ou l’abandon de cette taxe. « On a présenté notre projet au Haut Conseil des finances publiques. On aura l’occasion de le présenter la semaine prochaine », a-t-il indiqué. Cette contribution, désignée sous le nom de « contribution sur les rentes inframarginales » (Crim), vise les installations de production dépassant 260 mégawatts, incluant les centrales nucléaires, hydroélectriques, éoliennes et à gaz.
Les principales entreprises concernées par cette mesure seraient EDF, en raison de son parc nucléaire important, suivi d’Engie, TotalEnergies et Iberdrola. Selon une source proche du dossier, EDF pourrait voir sa contribution atteindre environ 2,7 milliards d’euros. Cette perspective a suscité une vive inquiétude au sein du secteur de l’électricité, notamment en ce qui concerne les investissements dans les énergies décarbonées telles que le nucléaire, l’éolien et le solaire.
Conséquences pour les investissements décarbonés
La mise en place de cette taxe pourrait freiner les investissements dans les technologies vertes, essentielles pour la transition énergétique. Les acteurs du secteur craignent que des coûts supplémentaires ne soient répercutés sur les prix finaux de l’électricité, rendant les projets d’énergie renouvelable moins attractifs et retardant ainsi les objectifs de réduction des émissions de carbone.
La version précédente de cette taxe avait déjà généré des recettes significatives, avec 400 millions d’euros en 2022 et 300 millions en 2023. Ces fonds ont été réinvestis dans divers programmes énergétiques, mais la crainte persiste que la nouvelle taxe ne soit utilisée de manière similaire, renforçant ainsi la pression sur les consommateurs.