La Cour suprême d’appel d’Afrique du Sud a annulé le permis accordé à la société publique Eskom pour la construction d’une centrale électrique au gaz naturel de 3 000 mégawatts (MW) à Richards Bay, dans la province du KwaZulu-Natal. Cette décision remet en cause l’un des projets énergétiques majeurs du pays, prévu pour soutenir un réseau électrique en difficulté.
Une procédure relancée et des délais prolongés
Le jugement oblige Eskom à redéposer une demande de permis environnemental et à mener une nouvelle phase de consultation publique. Le projet, initialement conçu pour stabiliser le réseau électrique national et réduire la dépendance au charbon, fait face depuis plusieurs années à des contestations portées par des organisations locales. Celles-ci dénoncent notamment les impacts historiques d’Eskom en matière d’émissions et de pollution atmosphérique.
La centrale devait faire partie intégrante du Plan intégré des ressources (Integrated Resource Plan, IRP) de l’Afrique du Sud, qui inclut le gaz comme combustible de transition. L’annulation du permis constitue un revers administratif pour l’entreprise, déjà confrontée à une dette structurelle élevée et à des interruptions fréquentes d’approvisionnement électrique, connues sous le nom de “load-shedding”.
Conséquences sur le financement et la planification
L’incertitude autour du projet de Richards Bay pourrait compliquer davantage les efforts d’Eskom pour mobiliser des financements. Plusieurs bailleurs de fonds internationaux privilégient désormais les projets d’énergies renouvelables, comme en témoigne l’approbation récente d’un projet éolien terrestre de 1 000 MW. Le coût estimé de la centrale de Richards Bay, évalué à plusieurs milliards de dollars, soulève aussi des questions sur la viabilité économique du projet dans le contexte actuel.
La dynamique s’inscrit dans un paysage énergétique africain où les projets fossiles rencontrent une résistance croissante. Alors que la Namibie et le Mozambique développent des projets de gaz naturel liquéfié (GNL) à vocation exportatrice, l’Afrique du Sud continue de débattre de son avenir énergétique, marqué par une transition encore incertaine.
Un enjeu stratégique pour la diversification énergétique
Outre les considérations environnementales, l’initiative de Richards Bay devait contribuer à diversifier le bouquet énergétique du pays. Eskom cherche à compenser la baisse de performance de son parc à charbon par des investissements dans le gaz, les énergies renouvelables et le nucléaire. Parmi les projets en cours figure la construction d’une deuxième centrale nucléaire sur la côte ouest du pays.
La décision de la Cour suprême intervient dans un contexte où les infrastructures énergétiques sud-africaines nécessitent des modernisations urgentes. Les choix d’investissements futurs dépendront autant des arbitrages politiques que de l’appétit des investisseurs pour les projets intégrant les exigences réglementaires et sociétales de plus en plus strictes.