Indian Oil Corporation (IOC) a récemment conclu un accord significatif avec Abu Dhabi National Oil Company (ADNOC) pour la fourniture de 1 million de tonnes métriques de gaz naturel liquéfié (LNG) par an pendant 15 ans, en provenance du projet de LNG de Ruwais. Ce contrat, qui est le troisième signé par IOC en un peu plus d’un an, est estimé à un prix d’environ 12,4 % par rapport au pétrole brut. Ce type de tarification est courant dans le secteur, où les contrats à long terme sont souvent indexés sur le prix du pétrole pour refléter les fluctuations du marché.
L’accord a été annoncé lors de la visite du prince héritier d’Abou Dhabi, Sheikh Khaled bin Mohamed bin Zayed Al Nahyan, en Inde. Ce partenariat s’inscrit dans un contexte plus large de renforcement des relations énergétiques entre l’Inde et les Émirats arabes unis. En plus de ce contrat, IOC a également signé un accord de 14 ans pour 1,2 million de tonnes par an avec ADNOC en juillet 2023, ainsi qu’un autre contrat de 0,8 million de tonnes avec Total Energies. Ces accords visent à répondre à la demande croissante de LNG en Inde, qui devrait augmenter jusqu’à la fin de la décennie.
Analyse des prix et des conditions de marché
Le prix de 12,4 % par rapport au brut est considéré comme relativement élevé par certains acteurs du marché, qui notent que d’autres entreprises et maisons de négoce proposent des prix plus bas. Un acteur du marché a déclaré : « Il existe des offres qui sont inférieures à ce prix de 12,4 % par rapport au brut, ce qui suggère qu’il pourrait y avoir d’autres considérations en jeu. » En général, les contrats à long terme en Asie utilisent une formule de « slope » par rapport au pétrole brut comme référence, plutôt que de se baser sur les prix spot du LNG.
Pour mettre cela en perspective, un prix fixe de 12,4 % par rapport au prix du Brent, qui était de 73,995 $/MMBtu, impliquerait un coût de 9,175 $/MMBtu. Ce chiffre est à comparer avec l’évaluation des dérivés pour l’année 2027, qui était de 9,325 $/MMBtu. Les fluctuations des prix du LNG sur le marché spot, notamment en raison de l’augmentation des volumes attendus à partir de 2025, pourraient également influencer la compétitivité des prix des contrats à long terme.
Implications pour la demande de raffinage
La demande de LNG en Inde ne se limite pas à la commercialisation, mais doit également être analysée sous l’angle des besoins internes d’IOC. Les prévisions indiquent que la demande des raffineries augmentera considérablement d’ici la fin de la décennie. Par exemple, la raffinerie de Paradip, qui consomme actuellement 0,8 million de mètres cubes standard par jour, pourrait voir sa capacité portée à 4,5 millions de mètres cubes standard par jour. De même, la raffinerie de Panipat devrait augmenter sa consommation à 7-7,5 millions de mètres cubes standard par jour.
L’achèvement du pipeline Indra Dhanush devrait également modifier la dynamique de consommation des raffineries de Guwahati et Bongaigaon, qui passeront d’une utilisation de gaz produit localement à du GNL. Ces raffineries sont attendues pour consommer chacune environ 1 million de mètres cubes standard par jour. La compétitivité des prix du LNG par rapport aux autres combustibles, tels que le fioul et le naphta, jouera un rôle crucial dans l’adoption de ces volumes de LNG.
Considérations politiques et économiques
L’annonce de l’accord entre IOC et ADNOC a été relayée par le bureau des médias d’Abou Dhabi, ce qui souligne la dimension politique de ce partenariat. Les relations entre l’Inde et les Émirats arabes unis dans le secteur de l’énergie sont en pleine expansion, et ce type d’accord pourrait ouvrir la voie à d’autres collaborations futures. Les acteurs du marché surveillent de près ces développements, car ils pourraient avoir des répercussions sur la dynamique régionale du LNG.
En outre, la structure tarifaire de l’accord, qui bénéficie d’une exemption de droits de douane de 2,75 % en vertu de l’accord de libre-échange entre l’Inde et les Émirats, représente une économie significative pour les acheteurs. Cela pourrait également influencer les décisions d’achat d’autres pays exportateurs de LNG, tels que l’Australie et la Malaisie, qui ont également des accords de libre-échange avec l’Inde.
Les perspectives de l’industrie du LNG en Inde sont donc marquées par une demande croissante et des accords stratégiques qui pourraient façonner le paysage énergétique du pays dans les années à venir. Les acteurs du marché doivent rester vigilants face aux évolutions des prix et aux nouvelles offres qui pourraient émerger dans un environnement de plus en plus compétitif.