Accord de 800 millions de dollars : Tsingshan déclenche une recomposition énergétique au Zimbabwe

Avec un nouvel accord d’investissement de 800 millions $, Tsingshan étend l’aciérie de Manhize et entraîne une demande énergétique de plus de 500 MW, forçant le Zimbabwe à accélérer sa stratégie électrique.

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Le groupe chinois Tsingshan Holding, premier producteur mondial de nickel et d’acier inoxydable, a conclu un accord de 800 millions de dollars pour agrandir l’aciérie de Manhize, exploitée par sa filiale Dinson Iron and Steel Company (DISCO). Cet investissement vise à doubler la capacité annuelle de production d’acier, de 600 000 à 1,2 million de tonnes. Mais au-delà de la sidérurgie, l’accord reconfigure profondément le marché énergétique du Zimbabwe. Chaque tonne d’acier produite requiert une consommation électrique massive, ce qui place désormais Manhize au cœur des équilibres d’approvisionnement du pays. La montée en puissance de l’aciérie signifie une augmentation rapide et soutenue de la demande électrique, forçant les autorités à repenser la répartition entre production industrielle, consommation domestique et exportations régionales.

La première phase du site avait déjà nécessité la construction d’une centrale thermique de 50 MW, directement intégrée au complexe. Aujourd’hui, seuls 24 MW sont utilisés par les installations en fonctionnement, tandis que la centrale peut théoriquement injecter un surplus dans le réseau national. À cela s’ajoute un dispositif de cogénération qui récupère les gaz chauds des hauts-fourneaux, couvrant environ 20 % des besoins en interne. Cependant, avec l’accord signé et l’expansion programmée, la consommation pourrait dépasser 500 MW à pleine capacité, un seuil considérable dans un pays où la capacité nationale installée doit encore franchir l’objectif de 2 500 MW d’ici 2025. L’aciérie se positionne donc non seulement comme un consommateur majeur, mais aussi comme un acteur stratégique du système électrique.

Un accord qui lie industrie et énergie

L’accord d’investissement ne se limite pas à l’acier. Tsingshan y a intégré la construction de nouvelles infrastructures énergétiques pour accompagner la croissance de l’usine. Le projet prévoit notamment une ferme éolienne sur les crêtes de Manhize, dont le site a déjà été identifié et fait l’objet d’études de faisabilité. Un barrage hydroélectrique est également envisagé dans le parc industriel, de façon à sécuriser l’alimentation en complément du charbon. Ces initiatives témoignent d’un basculement stratégique : l’expansion industrielle est indissociable de la diversification énergétique. En ce sens, l’accord positionne Manhize comme un catalyseur d’innovation dans le secteur électrique zimbabwéen.

L’impact potentiel dépasse les besoins locaux du site. Les autorités zimbabwéennes ont déjà évoqué la possibilité que DISCO injecte une partie de sa production électrique excédentaire dans le réseau national, devenant ainsi un producteur indépendant. Si ce scénario se confirme, il modifiera profondément la structure du marché de l’électricité, en introduisant une concurrence nouvelle face au fournisseur public Zimbabwe Electricity Supply Authority (ZESA). Cela poserait aussi des enjeux de régulation : arbitrer entre l’électricité destinée à l’industrie lourde, à la consommation domestique et aux projets d’exportation régionale. L’accord Tsingshan devient ainsi un dossier clé non seulement pour l’industrie sidérurgique, mais également pour la gouvernance énergétique du pays.

Conséquences pour les infrastructures nationales

La pression induite par cet accord se répercute sur la planification des grandes infrastructures énergétiques nationales. Le Zimbabwe, déjà confronté à des pénuries chroniques d’électricité, a récemment inauguré l’extension de la centrale thermique de Hwange, réalisée par Sinohydro et financée par Eximbank Chine pour 1,5 milliard de dollars. Cette extension a ajouté 600 MW au réseau national, portant la capacité totale du site à 1 520 MW. Si cette amélioration a permis d’atténuer les déficits d’approvisionnement, la montée en puissance de Manhize absorbera rapidement une part significative de ce gain. Le gouvernement devra donc accélérer la diversification du mix et investir dans d’autres projets pour maintenir l’équilibre entre offre et demande.

L’accord Tsingshan s’inscrit ainsi dans une dynamique plus large où l’industrie et l’énergie avancent conjointement. En visant 2 500 MW de capacité installée d’ici 2025, Harare place la stabilité énergétique au cœur de son agenda de développement. Or, la nouvelle demande issue de l’aciérie pourrait obliger les autorités à revoir leur calendrier, à renforcer les interconnexions régionales (notamment avec le Mozambique et la Zambie), et à arbitrer plus strictement entre les priorités industrielles et résidentielles. Cette interdépendance accrue montre à quel point un accord industriel peut devenir un facteur déterminant de la politique énergétique nationale.

Un levier pour la diversification énergétique et minière

L’accord ne doit pas être analysé isolément. Il s’ajoute à une série d’investissements étrangers qui lient directement ressources minières et infrastructures énergétiques. Dans le lithium, le Zimbabwe a conclu un accord avec deux partenaires chinois pour bâtir une usine de concentré de 270 millions de dollars à Sandawana, capable de traiter 600 000 tonnes par an d’ici 2027. Dans les hydrocarbures, la société australienne Invictus Energy mène une prospection à Muzarabani, un projet reconnu “d’Intérêt National” par le gouvernement en 2025, avec des forages visant à identifier des réserves de gaz ou de pétrole. Ces projets, combinés à celui de Manhize, accentuent la nécessité d’un réseau électrique robuste et diversifié.

Tsingshan ne se limite d’ailleurs pas à l’acier : le groupe contrôle également des actifs dans le ferrochrome, le charbon à coke et le lithium, consolidant son rôle central dans la chaîne énergétique et industrielle du Zimbabwe. L’accord de 800 millions de dollars illustre cette logique intégrée, où un investissement industriel majeur entraîne une recomposition des équilibres énergétiques, financiers et diplomatiques. Pour Harare, la question n’est plus seulement de produire davantage d’acier ou d’électricité, mais de gérer un nouveau rapport de force énergétique créé par l’implantation de géants étrangers dans ses infrastructures stratégiques.

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