Les prix du gaz connaissent une nouvelle accalmie sur les marchés mondiaux depuis le début de l’année, mais « il ne faudrait pas grand chose pour provoquer un fort rebond », selon l’étude trimestrielle du centre de recherche spécialisé Oxford Institute for Energy Studies, parue lundi.
« Un rebond même relativement minime de la demande en Europe ou en Asie pour profiter des bas prix, un hiver froid, ou une rupture d’approvisionnement comme en 2022 sur le terminal de liquéfaction de Freeport (au Texas, NDLR) pourrait facilement perturber l’équilibre actuel », soulignent les auteurs.
« Il est trop tôt pour être confiant dans le fait que les signaux pointent nécessairement dans une bonne direction pour l’ensemble de 2023 », ajoutent-ils. Ils rappellent que les prix du gaz naturel sur les marchés, qui influencent indirectement le tarif au consommateur final, demeurent « largement au-dessus du niveau moyen des cinq dernières années ». Les prix du gaz naturel se mesurent avec deux références, celle de Rotterdam (Title Transfer Facility, TTF) et celle du gaz naturel liquéfié JKM (Japan Korea Marker) en Asie. Ces prix, qui se sont déjà fortement assagis en janvier, ont encore reflué depuis, s’inscrivant début avril en baisse d' »environ 33% » depuis janvier pour le TFF et de « presque 25% » pour le JKM.
L’Oxford Institute for Energy Studies avance plusieurs explications: tout d’abord, l’Europe a fini l’hiver avec un niveau de stockage « record pour un premier trimestre ». L’objectif de la Commission européenne d’avoir des stockages remplis à 90% au 1er novembre semble dès lors plausible.
Ensuite, la consommation de gaz en Europe reste inférieure par rapport à ce qu’elle était l’an dernier (-13% au premier trimestre par rapport au premier trimestre 2022). Par ailleurs, l’offre mondiale de gaz naturel liquéfié (GNL) est en « légère augmentation » comparé à 2022, tandis que les importations trimestrielles de GNL se contractent ailleurs qu’en Europe. « L’une des grandes questions est de savoir comment la levée des restrictions liées au Covid en Chine va impacter les marchés de l’énergie », soulignent cependant les auteurs pour le reste de l’année.
Parmi les facteurs qui pourraient faire à nouveau dérailler les prix, ils citent le risque d’une nouvelle réduction des exportations de Russie, si le flux russe via l’Ukraine s’interrompt ou si l’Europe prend des mesures plus fortes contre les importations de GNL russe. L’étude rappelle que dix compagnies européennes ont des contrats de long terme avec le géant russe Gazprom, qu’ils ont accepté de payer en roubles: OMV en Autriche, PPD en Croatie, SPP en Slovaquie, MVM en Hongrie, DEPA, Mytilineos et PPC en Grèce, Makpetrol en Macédoine du nord, Srbijagaz en Serbie et Energoinvest en Bosnie.