Les analystes de Wood Mackenzie proposent de transmettre les grandes lignes du marché énergétique pour l’année prochaine. Fort de leur réussite de l’année passée, ils ont de nouveau prédit l’avenir, en fonction de leurs spécialités respectives.
- La hausse du prix du carbone
Elena Belleti, spécialiste de Wood Mackenzie, affirme que le prix de l’élément chimique atteindra des sommets dans l’année à venir. En effet, les politiques climatiques mondiales sur le carbone seront responsables de cette hausse. Celle-ci aura lieu, sur le système d’échange et de quotas d’émission de l’UE et sur celui de la Chine.
Les taxes sur le produit seront-elles aussi augmentées afin de soutenir les engagements nationaux en matière de décarbonisation.
De plus, la volonté des entreprises d’atteindre des objectifs d’émission zéro stimulera la demande de compensation de haute qualité.
- Les installations solaires continueront leur essor.
Les décideurs politiques voudront augmenter leur capacité solaire distribuée.
En effet, la Chine poursuivra la distribution de cette énergie dans ses zones rurales. Le gouvernement de la coalition allemande s’est fixé comme objectif l’installation de 200 GW pour 2030. Enfin, le solaire distribué restera le modèle dominant au Japon, en Australie, en Belgique et en Pologne.
Par ailleurs l’importance des parcs solaires grandira dans le but de garantir un réseau stable et flexible.
Ainsi, aux États-Unis, le solaire distribué sera combiné à des infrastructures de stockage ou de chargement de véhicules électriques. Pour pallier la hausse des coûts d’interconnexion et la baisse des tarifs d’exportation, les citoyens australiens auront, eux aussi, recourt au stockage. Enfin, les pays utiliseront aussi ce moyen afin de fournir de l’électricité aux communautés défavorisées.
- La Chine va continuer de s’imposer sur le marché des énergies renouvelables.
En raison d’une croissance évaluée à 8% en 2021, la demande d’électricité en Chine a augmenté de 10%. De ce fait, le pays a investi massivement dans le secteur éolien et solaire.
Il possède déjà 50% de la capacité de fabrication éolienne et près de 70% de la production totale de panneaux solaires. C’est pourquoi, les difficultés auxquels font face les chaines d’approvisionnement mondiale dans le domaine seront décuplées.
Enfin, la politique zéro Covid du pays entrainera des contrôles frontaliers ainsi que des mesures de quarantaines plus strictes.
- Les politiques climatiques seront facteurs de la hausse de production locale de métaux.
Les territoires engagés dans la décarbonisation vont surement suivre l’exemple chinois et soutenir les offres locales. Afin que la demande accrue puisse être satisfaite les gouvernements supporteront les acteurs pour développer l’offre pour les milieux défavorisés.
- Baisse de la demande de pétrole pour 2022
Le second semestre devrait être le témoin d’un retour à la normale prépandémique concernant la demande de pétrole. Néanmoins le retour de la Covid et ses variants, entraineront le ralentissement des voyages et, donc, de la demande.
En ce qui concerne l’offre, une hausse de la production à hauteur de 4 millions de b/j est prévue.
Aux États-Unis, le redressement a été lent car l’industrie devait rembourser ses dettes et augmenter ses dividendes. En 2022 l’augmentation de la production contribuera à une croissance plus forte de la production américaine dans son ensemble. D’autres producteurs non membres de l’OPEP vont également réaliser des gains importants.
- Hausse de production dans le nord de l’Europe
Big Oil va continuer de consolider sa position dans le bassin permien.
En effet, ExxonMobil et Chevron produisent déjà, à eux deux, 1,1 million de bep/j sur le territoire. Toutefois, ExxonMobil a récemment réaffirmé son objectif de 700 000 bep/j pour la fin 2024. Dans le même temps, Chevron augmente son budget, pour la région, 2022 d’un milliard de dollars.
La croissance de la production dans la région s’inscrit dans le cadre des nouvelles stratégies à faible émission de carbone. L’objectif Permian Net Zero 2030 d’ExxonMobil en est un exemple. D’après les analyses, les entreprises auront besoin de plus d’appareils de forage pour atteindre ces objectifs de production.
- La présence des véhicules électriques renforcée
Pour la première fois, la part concernant ces véhicules sera supérieure ou égale à 10% du marché global Malgré l’affaiblissement des aides gouvernementales et la pénurie autour des puces nécessaires à la construction, les ventes mondiales vont exploser. Ainsi, elles devraient dépasser 8,5 millions de dollars l’année prochaine.
Les États-Unis devraient toutefois rester à la traîne. L’administration Biden tente de porter le crédit d’impôt pour les VE à 12 500 dollars. Toutefois, cette mesure ne s’appliquera qu’à un petit nombre de véhicules, les limites imposées aux constructeurs n’ayant pas été levées. La part des VE sur le deuxième plus grand marché automobile du monde atteindra seulement 6,8%.
- Les compagnies pétrolières et gazières vont élargir leur stratégie.
Les compagnies pétrolières et gazières ne se contenteront plus de l’éolien et du solaire dans leurs stratégies de réduction des émissions de carbone, car leurs ambitions en matière d’hydrogène et de capture du carbone vont s’accroître.
Les investissements en capital des majors européennes se sont largement concentrés sur l’éolien et le solaire jusqu’à présent. En 2022, le captage, le stockage du carbone, ainsi que l’hydrogène à faible teneur en carbone s’érigeront en tant que priorités.
Les pionniers mobiliseront d’importantes ressources pour se positionner sur les futurs champs de bataille de ces technologies. De nombreux projets à faible teneur en carbone ainsi que de nouveaux partenariats verront le jour. Ainsi, les leaders commenceront à transformer leurs intentions stratégiques en actions fermes.
- Le gouvernement américain s’engagera à soutenir davantage l’hydrogène à faible teneur en carbone
La loi « Build Back Better », est actuellement débattu au Congrès. Celle-ci prévoit un crédit de production pouvant atteindre 3 dollars par kilogramme pour de l’hydrogène à faible teneur en carbone.
Si elle est adoptée, elle contribuera à rendre l’hydrogène vert hautement compétitif par rapport à l’hydrogène gris dans certaines régions. Cela sera d’autant plus vrais dans les États disposant de fortes ressources éoliennes et solaires.
La loi prévoit également une augmentation du crédit d’impôt 45Q qui soutiendra les projets d’hydrogène bleu. L’avenir de la législation est encore incertain. Les sénateurs démocrates centristes ont fait pression sur les dépenses de manière générale.
Les États-Unis veulent devenir la référence dans le domaine et faire des avancées non négligeables dans la décarbonisation de son économie. Pour y parvenir, ils devront mettre en place des politiques pour aider l’industrie au début.
Si la loi n’est pas adoptée dans sa forme actuelle, l’hydrogène à faible teneur en carbone bénéficiera tout de même d’un soutien accru.
- Les contrôles du gouvernement chinois feront baisser les prix du charbon thermique maritime
Après une pénurie de charbon et une flambée des prix au cours du second semestre, la Chine va renforcer sa production. Celle-ci a atteint des records historiques vers la fin de l’année, en augmentant de 10 % en un trimestre.
Il est attendu que le gouvernement réprime les importations de charbon en appliquant des quotas plus stricts. La Chine fera également baisser les prix du charbon domestique. Cela aura pour effet de faire chuter les coûts sur le marché du charbon maritime. En effet, en constituant 25 % de la demande totale, le pays exerce une influence considérable.